Foie gras artisanal, produit de manière traditionnelle : tel est le mantra avec lequel les producteurs de foie gras wallons font croire qu’ils sont très attentifs au bien-être des animaux. Rien n’est cependant moins vrai.
Louis Legrand : tout sauf « cinq étoiles »
La semaine dernière encore, le producteur de foie gras wallon Louis Legrand, de Templeuve, a pu raconter au journal wallon La Meuse (9 décembre) à quel point les canards se portent bien dans son exploitation. "C'est une ferme à canards cinq étoiles", déclare sans scrupule Louis Legrand.
Les images de GAIA montrent quelque chose de tout à fait différent. Chez Louis Legrand, les canards chétifs, malades ou encore blessés se font tordre le cou, s’allongent et restent longtemps à l'agonie. GAIA a également vu des canards dont le bec était gravement déformé (probablement par un gavage brutal). On voit également un homme uriner dans l’enclos des canards (Louis Legrand lui-même ?). Tout sauf un cinq étoiles. Ou est-ce cela qu’il faut entendre par "artisanal" ?
Ferme de la Sauvinière: le plus grand respect du bien-être animal?
À la Ferme de la Sauvenière (Florennes), nous avons vu comment les jeunes canards ont des difficultés à se tenir sur leurs pattes et s'effondrent. GAIA a également vu comment les animaux, dans un état pitoyable et dans des conditions déplorables, sont empaquetés ensemble dans de petites caisses de transport.
Les documents trouvés sur place montrent que sur une période d'une semaine, en l'occurrence du 25/03/2021 au 01/04/2021, 200 canards ont été envoyés au centre d'équarrissage de Rendac à Ciney, soit 200 canards morts en une semaine ou rejetés pendant cette période. Est-ce que ainsi que les animaux se portent si bien dans cette ferme traditionnelle, qui est considérée comme un exemple pour le secteur ?
Michel Vandenbosch, Président de GAIA : "Ils crient sur tous les toits qu'ils travaillent de manière 'traditionnelle' dans le plus grand respect du bien-être animal. Les consommateurs de foie gras se font constamment bombardés par ce discours mais ils sont trompés sans le moindre scrupule.
Malotaux : de la saleté partout
Enfin, chez Daniel Malotaux (Meux), de la saleté partout : une bombe sanitaire à retardement. Là aussi, GAIA a trouvé des canards blessés entassés dans de petites cages collectifs sur un sol en caillebotis métallique où les animaux ne peuvent pas déployer leurs ailes. Et les images montrent un gavage pneumatique, une méthode extrêmement intensive. Pendant une période de douze à quatorze jours, une bouillie grasse de maïs est injectée deux fois par jour à haute pression dans l'œsophage. L'objectif est de rendre le foie des canards 7 à 10 fois plus gros qu'un foie normal. Cela entraîne une stéatose hépatique, qui fait perdre au foie sa capacité de détoxification, et exposent les canards à un risque beaucoup plus élevé de mort prématurée. Les images montrent que de nombreux canards, que nous avons vus morts dans leurs cages chez Daniel Malotaux, meurent de cette méthode de gavage extrêmement peu respectueuse des animaux.
Mortalité élevée
La mortalité des canards gavés pour le foie gras pendant douze à quatorze jours est dix à vingt fois plus élevée (2-4% de mortalité en moyenne) que celle des canards élevés pour la viande (0,2%), mesurée sur la même période. C'est ce que révèle Le bien-être des canards pendant la production de foie gras (2015), le rapport du professeur Donald M. Broom et du docteur Irene Rochlitz de l'université de Cambridge, deux autorités mondiales en matière de science du bien-être animal.
Bulle de savon
En conclusion : la production soi-disant respectueuse des animaux car "artisanale" du foie gras est une bulle de savon que GAIA fait éclater avec ses nouvelles images de ce qui se passe réellement dans les élevages wallons de foie gras en question. Sur la base de ces nouvelles révélations, GAIA souhaite au moins que la pratique du gavage soit interdite en Wallonie, comme elle l'est en Flandre et dans la Région de Bruxelles-Capitale. Douze États membres de l'UE ont déjà interdit le gavage pour la production de foie gras, précisément parce que cette méthode est cruelle pour les animaux.
Que fait la ministre du Bien-Etre Animal ?
À la fin de l'année dernière, GAIA a remis une pétition de quatre-vingt mille signatures à la ministre wallonne du bien-être animal, Céline Tellier. Jusqu'à nouvel ordre, la ministre Tellier ne veut pas entendre parler d'une interdiction. Elle ne jure que par de bons systèmes de contrôle. Nous constatons aujourd'hui l'efficacité réelle de ces systèmes de contrôle.