C'est ainsi que des millions de porcelets sont castrés chaque année en Belgique, sans anesthésie - Nouvelles images GAIA
Selon un sondage Ipsos, 3 Belges sur 4 sont pour une interdiction légale de la castration chirurgicale des porcelets.
Avec de nouvelles images, GAIA révèle à quel point la castration des porcelets est douloureuse. Chaque année, des millions de porcelets sont castrés, sans anesthésie. Cette pratique choquante doit cesser, GAIA demande son interdiction. Pour donner plus de force à cette demande, GAIA lance une pétition. Une nouvelle enquête d'Ipsos montre également que 3 Belges sur 4 sont en faveur d’une interdiction légale de la castration chirurgicale des porcelets. Après avoir expliqué les méthodes alternatives de castration, parce qu'elles existent, même 86% des Belges pensent qu'il devrait y avoir une interdiction légale.
Castration des porcelets - Images filmées dans un élevage en Flandre
GAIA demande d'urgence l'interdiction de la castration des porcelets. Il s'agit de l'intervention la plus horrible qui subsiste dans l'élevage à l’heure actuelle.
Comment fonctionne cette castration ? Ann De Greef, directrice de GAIA, explique : « Le porcelet est immobilisé, puis l'éleveur de porcs pratique une, deux ou plusieurs incisions dans la peau du scrotum du porcelet, qui est pleinement conscient, afin d'exposer les testicules. Il tire ensuite fermement sur les testicules afin qu'elles sortent de sous la peau ainsi que sur le cordon spermatique, qui se trouve plus profondément dans le corps, derrière les testicules. L'éleveur tire donc sur les cordons spermatiques et les coupe. Ceux-ci sont donc coupés et les testicules retirés. Il est choquant et répugnant de constater que cela peut encore se faire de cette manière aujourd'hui ».
En Belgique, 5 à 6 millions de porcs mâles sont élevés chaque année.
80 % des porcelets mâles belges sont castrés (4 à 4,8 millions de porcelets par an).
Pourquoi castrer les porcelets ?
Le porcelet est castré à l'âge de trois à sept jours pour éviter qu'il ne développe les hormones sexuelles testostérone et androsténone. Le développement de ces hormones conduit certains consommateurs à percevoir une modification de l'odeur de 3 à 5 % de la viande de porc et à la percevoir comme négative. Cette odeur, qui ne se dégage donc qu'occasionnellement, lors de la cuisson de la viande de ces mâles entiers, est appelée "odeur de verrat".
Anesthésie lors de la castration ?
97 à 100% des porcelets belges castrés le sont sans être anesthésiés. Cela concerne 3,9 à 4,8 millions de porcelets mâles.
Cela signifie qu’en Belgique, sur l'ensemble des porcelets castrés chaque année, seuls 0 à
144 000 d'entre eux sont castrés avec l'administration de procaïne, un médicament anesthésique. Ce médicament est injecté dans les deux testicules du porcelet et réduit la douleur ressentie par le porcelet lors de l'incision.
Ann De Greef : « Cela ne réduit pas suffisamment la douleur aiguë et sévère ressentie par les porcelets lors de la procédure de castration. De plus, les conditions dans lesquelles ce médicament est administré dans les élevages intensifs de porcs laissent à désirer. Il n'est pas facile d'injecter l'anesthésique à un porcelet en mouvement et les délais d'attente ne sont pas respectés. L'incision est souvent pratiquée trop tôt ou trop tard après l'administration du médicament, celui-ci n’a donc pas du tout l’effet escompté ».
L’analgésie après la castration ?
L'analgésique meloxicam est administré à 85 % des porcelets belges castrés (estimés à 3,4 à 4 millions de porcelets par an), comme le prescrit BePork, le label de qualité belge pour la viande de porc. Ann De Greef : « Son action est similaire à celle de l’antidouleur Ibuprofen. Il n'y a donc pas d'effet anesthésiant pendant la castration. Seule la douleur consécutive à la castration du porcelet est traitée, dans une certaine mesure ».
Bien que les analgésiques et les anesthésiques / sédatifs aient individuellement une fonction dans la réduction de la douleur ou l'interruption de la conscience pendant et après la castration du porcelet, l'administration d'un de ces médicaments, ou même d'une combinaison d'un analgésique et d'un anesthésique (par exemple, méloxicam + anesthésique local à la procaïne) est insuffisante pour prévenir les souffrances sévères chez le porcelet mâle.
Comme les chiens et les chats ?
Seul la mise en œuvre d’un protocole similaire à la castration des chiens et chats, avec anesthésie des porcelets et gestion de la douleur pendant et après la castration, rendra cette procédure supportable.
Cela nécessite donc les étapes suivantes : (1) sédation du porcelet ; (2) interruption de la conscience du porcelet avec un anesthésique ; (3) intubation du porcelet avec du gaz ; (4) administration préopératoire d'un analgésique et d'un anesthésique local ; et (5) soins postopératoires du porcelet.
Seul un vétérinaire formé à cet effet possède les compétences nécessaires pour (a) réaliser correctement ces cinq étapes et s'assurer que la douleur ressentie par le porcelet, pendant et après la castration, est réduite autant que possible, éliminée et au moins réduite au minimum, et (b) adapter l'administration de médicaments analgésiques et anesthésiques à la réaction individuelle du porcelet, pendant et après la procédure de castration.
« Si les porcelets doivent être traités selon les règles de l'art en matière de gestion de la douleur lors de leur castration, c'est-à-dire de la même manière que les chats et les chiens, avec les mêmes soins par un vétérinaire, cela demande du temps et des coûts que l'éleveur de porcs ne peut ou ne veut pas supporter », explique Ann De Greef.
Interdiction légale
Dans ces conditions, la prévention des douleurs (aiguë) lors de la castration et de la douleur post-castration, exigences minimales du point de vue du bien-être animal, ne peut être assurée. Une "petite" anesthésie n'est pas une solution efficace pour remédier à la douleur sévère de castration et à la douleur post-castration. De plus, l'éleveur de porcs ne dispose ni du temps, ni des ressources financières, ni de l'expertise nécessaires pour castrer les porcelets avec le même soin que pour la castration d’un chat ou d’un chien - castré par un vétérinaire.
« Seule une interdiction légale de la castration des porcelets éliminera les souffrances très graves et inacceptables subies par les porcelets pendant et après la castration. Le vaccin contre l’odeur de verrat (15 % des porcs mâles belges sont vaccinés) et l'élevage de mâles entiers (8 % des porcs mâles belges sont élevés avec des verrats intacts) sont deux bonnes solutions et donc des alternatives concrètes à la castration que les éleveurs de porcs peuvent appliquer pour contrôler le risque de l’odeur de verrat. Cette interdiction légale de la castration des porcelets est donc ce que nous demandons », conclut Ann De Greef – directrice de GAIA.
Enquête Ipsos - Mars 2023
L'élevage de cochons
L'élevage de cochons doit prendre en considération les besoins essentiels des animaux.
Depuis 2000, GAIA lutte contre la castration à vif des porcelets et demande notamment l'interdiction de cette pratique douloureuse. Les porcs en engraissement et les truies devraient également disposer de plus d'espace pour se mouvoir. Ils doivent pouvoir fouiller le sol et se coucher sans inconfort.
Cette réalité concerne l'immense majorité des 10 millions de porcs élevés chaque année en Belgique, et des 600 000 truies reproductrices.
Les cochons sont des animaux curieux, sociaux et intelligents. Ils ont besoin de fouiller le sol, rechercher leur nourriture et jouer : mais l'élevage intensif en bâtiment les en prive. Les cochons s'ennuient.
Les cochons élevés pour la viande sont très majoritairement engraissés dans des bâtiments sombres et clos, bétonnés, sans litière ni accès extérieur. Les truies reproductrices sont bloquées en stalles individuelles (interdites dans l'UE depuis 2013) dans lesquelles elles ne peuvent pas se retourner ou construire un nid. Ces animaux reposent sur un béton troué à travers lequel tombent leurs déjections.
Queues et dents coupées
La réglementation européenne interdit la coupe routinière des queues et des dents des porcelets en prévention des morsures, notamment la morsure des queues des congénères. Le recours à cette mutilation n'est toléré que lorsque des changements substantiels dans l'élevage n'ont pas permis de résoudre ce problème, qui s'explique par l'ennui et l'absence de distraction. Pourtant l'immense majorité des porcelets subissent cette amputation à vif, sans que la conduite de l'élevage ne soit remise en question.
Castrés à vif
Chaque année, 4 millions de porcelets mâles sont castrés à vif en Belgique pour prévenir le risque d'apparition d'une odeur désagréable lors de la cuisson de la viande. En pratique, cette « odeur de verrat », issue du développement hormonal normal des cochons, n'apparaît que dans une minorité des cas, et seule une part des consommateurs y est sensible.
Ainsi, pour parer à un risque minime de léger désagrément pour le consommateur, la totalité des porcelets mâles subissent une ablation à vif des testicules quelques jours après leur naissance. L'intervention est douloureuse, et traumatisante tant pour les porcelets que pour les truies, qui assistent impuissantes aux cris et à la souffrance de leurs petits.
L'élevage intensif des cochons
Les cochons sont des animaux curieux, sociaux et intelligents. Ils ont besoin de fouiller le sol, rechercher leur nourriture et jouer : mais l'élevage intensif en bâtiment les en prive. Dans la pauvreté de leur environnement, les cochons mènent une vie de terrible frustration.
Les frustrations conduisent les truies à des comportements stéréotypés, comme mâchonner continuellement les barreaux de leur cage. Elles y développent fréquemment des boiteries et souffrent d'arthrite, tout comme les cochons à l'engraissement. Après la mise bas, les porcelets leur sont retirés précocement trois à quatre semaines après leur naissance, pour inséminer les truies de nouveau.
Nombre de porcelets sevrés s'occupent à mordiller les queues de leurs congénères. Pour prévenir l'apparition de ces comportements, les queues des porcelets sont coupées sans anesthésie à l'aide d'une pince ou d'un fer chaud.
Cette réalité concerne l'immense majorité des 10 millions de porcs élevés chaque année en Belgique, et des 600 000 truies reproductrices.
Les cochons et les truies sont des animaux fouisseurs qui devraient disposer d'espace et d'un environnement enrichi par de la litière ou de la paille. Cette mesure mettrait un terme aux morsures entre animaux et à la nécessité de couper queues et dents. Elle apaiserait également le stress des truies au moment de la mise bas, lorsqu'elles cherchent à construire un nid.
Alternatives à la castration
Vaccination contre l'odeur de verrat
La Commission européenne a délivré en 2009 une autorisation de mise sur le marché d'un vaccin (Improvac) élaboré par Zoetis.
Improvac prévient la croissance testiculaire chez les cochons. L'hormone sexuelle GnRH est neutralisée par des anticorps. Une phéromone du cochon (androsténone) et une autre substance produite naturellement (scatole), identifiés comme responsables de l''odeur de verrat", sont fortement réduits ou mieux éliminés. Le vaccin n'est pas une hormone. Il est économiquement avantageux pour les éleveurs, du fait d'une meilleure croissance des cochons. Les porcs vaccinés produisent également moins de lisier et limitent les préjudices à l'environnement, en comparaison avec les porcs castrés.
Pour plus d'information, consulter le rapport européen public d'évaluation de l'Improvac.
L'élevage de porcs mâles non castrés
Cette conduite d'élevage peut-être atteinte par une combinaison de mesures, notamment la détection sur les lignes d'abattage: l'androsténone et le scatol des verrats peuvent se détecter sur la ligne d'abattage, par des "renifleurs" ou un nez électronique. Ainsi, les carcasses écartées du circuit de la viande fraîche peuvent être valorisées dans d'autres circuits (produits élaborés). Cette pratique en place en Allemagne et aux Pays-Bas, approvisionne tout le marché hollandais. C'est aussi par exemple le choix de Lidl Belgique depuis 2012.
GAIA a participé à un projet du Centre wallon de Recherches agronomiques (CRA-W) intitulé Alcaporc, qui a confirmé l'efficacité des méthodes alternatives à la castration des porcelets. Pour plus d'infos, référez vous à notre rapport.