En Belgique, environ 300 millions de poulets sont engraissés et abattus chaque année pour leur viande. Pendant leur courte existence, ces animaux ne connaissent pas grand chose d'autre que de la souffrance. Les poulets dits « de chair » sont spécialement sélectionnés pour grossir le plus possible en un minimum de temps. Lorsqu'ils sont transportés vers l'abattoir, ils sont en réalité encore des poussins. Suite aux croisements génétiques, ces races de poulets à croissance rapide passent en quelques dizaines de jours d'un poids corporel de 50 g (peu après la naissance) à 2,3 kg (poids moyen à 42 jours, soit l'âge d'abattage). Cela correspond à une augmentation de 4500 % de leur poids initial. Ils sont ensuite vendus sous forme de viande bon marché dans les rayons des supermarchés.
Voici une description de la courte et pénible vie des poulets, tel que GAIA a pu l'observer lors de son enquête en caméra cachée entre octobre et décembre 2017 :
Semaines 1-2-3 : Dans les hangars gigantesques, les fortes densités (50 000 poulets en moyenne) ne sont pas encore visibles : à ce stade, les poussins ont de la place pour se mouvoir. Ils reçoivent également une alimentation spécifique, pour maximiser leur poids au moment de l'abattage. La place manque : on compte environ 16-21 poulets par mètre carré (voire même 23 ou plus sous certaines conditions). Trois-quarts des oiseaux connaissent des problèmes locomoteurs. Un animal sur trois se déplace avec difficulté et souffre de douleurs chroniques aux pattes et aux articulations. En conséquence, les poulets restent de plus en plus immobiles. En position couchée, leur corps reste de plus en plus en contact avec la paille humide, souillée d'excréments. Beaucoup souffrent d'ascite, une maladie causée par l'accumulation de liquide dans l'abdomen (elle touche chaque année entre un million et 15 millions de poulets). Ce gonflement fait également pression sur les organes, rendant la respiration difficile. En outre, près d'un poulet sur deux (soit 150 millions par an) présente une dyschondroplasie tibiale, soit une malformation du cartilage des pattes.
Semaine 4-5-6 : Les pattes, le cœur et les poumons ne parviennent pas à suivre le croissance accélérée du reste du corps. La douleur chronique s'intensifie à hauteur des pattes et des articulations, et les boiteries s'aggravent. Les organes locomoteurs ne supportent plus le poids du corps. Une partie des animaux succombent suite à des troubles cardiaques, intestinaux et respiratoires. Certains poulets tombent morts, victimes de ce qu'on appelle le « syndrome de mort subite ». Ils grossissent jusqu'à succomber, littéralement. D'autres étouffent à cause de l'ascite, qui finit par empêcher la respiration. La souffrance des poulets atteint son paroxysme. Dans les hangars, les oiseaux disposent chacun d'une surface inférieure à celle d'une feuille A4. Ils ne peuvent se déplacer qu'avec de grandes difficultés pour se nourrir et s'abreuver. Beaucoup d'entre eux ne parviennent plus à se redresser. Ils sont bloqués en position de grand écart. Au quarantième jour, un quart des oiseaux (soit 75 millions d'animaux par an) se déplace très mal, et 3,3 % (soit près de dix millions chaque année) plus du tout. En raison des troubles locomoteurs et des très fortes densités, les poulets se traînent dans les excréments de leurs congénères. L'ammoniac qui s'en dégage a un effet corrosif sur la peau des animaux. Ils souffrent d'ampoules au bréchet (6,5 % d'entre eux, soit 19 500 000 animaux par an), de brûlures au bréchet (jusqu'à 20 %, soit 60 millions par an), de dermatites aux pattes (8 %, soit 24 millions par an) et de brûlures au jarret (39 millions).
Si nous n'avons pas filmé le transport des poulets vers l'abattoir, la description qui suit reflète néanmoins la dure réalité.
Ultime étape : Les poulets qui ont survécu jusqu'à l'âge prévu d'abattage doivent encore subir la violence du transport vers l'abattoir. Ils sont saisis avec brutalité, puis jetés et comprimés dans des caisses de transport. La violence de l'opération est telle qu'elle provoque souvent de fractures des pattes ou des ailes, et des saignements. Au moment du déchargement de ces caisses, 9 millions de poulets voient une partie de leurs pattes arrachées. Environ 850 000 poulets ne survivent pas au transport vers l'abattoir (à l'échelle européenne, il s'agit de 18 à 35 millions de poulets). Les animaux qui survivent sont épuisés, souvent blessés, et dans un état de stress intense.
A l'abattoir, les animaux sont pendus par les pattes, la tête à l'envers, à l'aide de crochets métalliques. Ils sont ensuite étourdis par un bain électrifié, dans lequel leur tête passe. Certains poulets sont encore conscients lorsque la lame automatique leur tranche la gorge. Dans les abattoirs modernes, de 8000 à 10 000 poulets sont mis à mort en une heure. Cela correspond à 170 têtes par minute.