GAIA dénonce une procédure de sabotage par le service bien-être animal wallon
Fin 2016, une passante anonyme est de passage dans une cité tournaisienne. Son attention est attirée par un garage, partiellement vitré, et donnant directement sur la rue. Elle s’approche, et découvre avec surprise qu’un singe est enfermé à l’intérieur. L’animal, un macaque de Barbarie, est seul dans cette pièce jonchée de déchets. Il gratte les murs, comme pour tenter de s’échapper, et s’arrache de grosses touffes de poils. Choquée par ce qu’elle voit, la dame décide de déposer plainte auprès d’Animaux en Péril. C’est le début d’une longue histoire dont le singe reste encore aujourd’hui la victime.
En Belgique, la détention de singes, ainsi que d’autres espèces d’animaux sauvages, par des particuliers est interdite par la loi depuis 2009. « Cependant, les personnes qui possédaient déjà un animal sauvage avant l’entrée en application de cette loi ont l’autorisation de le garder, à condition que les conditions de détention soient conformes aux besoins de l’animal », précise Michel Vandenbosch, le président de GAIA.
Et c’est bien là tout le problème : depuis 17 ans, ce macaque de Barbarie, baptisé Zelda, est enfermé tout seul dans un garage, sans contact avec ses congénères. Il n’a aucune possibilité de jouer ou de se cacher. Des conditions de vie misérables pour un tel animal. Et pourtant, depuis 2016, les services compétents n’ont rien fait pour sortir Zelda de sa prison. Au contraire. « Nous dénonçons une procédure de sabotage de la part du service du Bien-être animal », accuse Michel Vandenbosch.
Il faut en effet savoir que l’Unité Bien-être Animal (UBEA, le service d’inspection wallon chargé des contrôles et des saisies) a été informée dès janvier 2017 de cette situation par Animaux en Péril et par la Ville de Tournai. En mai 2017, l’UBEA annonçait avoir réalisé un contrôle, puis un deuxième en mai 2018. Selon le service, le singe serait « en bonne santé » et « les conditions de détention respectent les normes ». Un comportementaliste commandité par le service aurait également donné son feu vert. En un mot, l’UBEA refuse d’agir.
Les affirmations de l’UBEA sont d’autant plus étranges qu’elles vont à l’encontre de l’avis du ministre du Bien-être animal, Carlo Di Antonio, qui demandait lui-même la saisie de l’animal afin de le placer dans un meilleur environnement. Pour GAIA, cette position de l’UBEA est une parfaite hypocrisie, et n’a rien d’une surprise. « Ce n’est pas la première fois que le service d’inspection agit au détriment des animaux, qu’il préfère parfois laisser dépérir. Le bien-être animal n’est pas la priorité, l’UBEA a plus d’empathie pour les marchands ou les propriétaires négligents. »
On se souvient en effet de la « guerre des refuges », en mai de cette année, lorsqu’un grand nombre de refuges wallons avait dénoncé d’une seule voix l’inaptitude de l’UBEA, après que celle-ci avait décidé d’offrir à un marchand de bestiaux des animaux maltraités. Le problème serait donc structurel ?
Dernier rebondissement en date dans l’affaire du macaque de Barbarie : une ordonnance de saisie serait maintenant bloquée par le tribunal de première instance de Charleroi, qui estimerait que la saisie ne se justifierait pas. Michel Vandenbosch est scandalisé : « C’est une manigance. Il est évident que l’UBEA a cherché à convaincre la justice carolo d’adopter cette position. En cas de demande de saisie, la justice suit presque toujours l’avis du Service Public de Wallonie. Le service a donc dû argumenter pour que la situation soit bloquée ! »
Que pensent les propriétaires de Zelda, dans tout ça ? « Ils avaient initialement marqué leur accord pour se défaire volontairement du singe, afin qu’il soit placé dans un centre adapté à ses besoins. Mais quelque chose ou quelqu’un a dû les pousser à changer d’avis… », explique Michel Vandenbosch. Les propriétaires semblent en effet résolus à garder l’animal. « S’ils aiment vraiment Zelda, la meilleure chose à faire est pourtant d’accepter de le céder, pour qu’il puisse vivre avec ses congénères », précise le président de GAIA.
Si on en croit les experts, ce serait le choix que ferait également Zelda. C’est l’avis de Nicolette Snijders, une biologiste comportementaliste qui a été contactée à propos de cette affaire. Cette spécialiste reconnue émane de la Fondation AAP, un centre hollandais de revalidation pour singes, qui est référence dans le monde entier. « Les macaques de Barbarie sont des animaux très sociaux, qui, à l’état sauvage, vivent en groupes composés de plusieurs mâles et femelles. La détention solitaire d’individus d’espèces sociales peut entrainer une augmentation de l’anxiété et/ou de l’agressivité, voire d’un comportement anormal et autodestructeur. » Pour cette spécialiste, « les conditions de détention actuelles du macaque de Barbarie ne sont pas adéquates. Il est confiné dans un petit enclos, et est extrêmement limité dans ses possibilités, comme se déplacer, grimper, courir et sauter. »
« GAIA demande la saisie immédiate de Zelda », conclut Michel Vandenbosch. « Nous lui avons même trouvé une place dans un sanctuaire pour animaux sauvages du Limbourg, où une procédure de resocialisation pourra commencer. Ce singe est en train de dépérir dans un environnement qui n’est pas le sien. »
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