Clairement, les animations pédagogiques que GAIA dispense dans les écoles ne plaisent pas à tout le monde. A la mi-novembre, une députée MR (proche du secteur de l’élevage ?) interroge la ministre de l’Enseignement Caroline Désir sur la pertinence de nos ateliers dans les écoles, affirmant au passage qu’elle avait « reçu des témoignages de parents qui racontent que leurs enfants sont rentrés de l’école en disant qu’ils ne voulaient plus jamais manger de viande ». Dans ses déclarations, la députée n’hésite pas à remettre en cause l’objectivité de GAIA vis-à-vis du bien-être animal et de l’élevage, tout en exprimant le souhait que des représentants du « monde rural » puissent aussi se faire entendre dans les écoles.
Le fait est rapidement repris par la DH, dont l’article déclenchera un débat radiophonique houleux sur VivaCité. Durant celui-ci, les critiques fusent : on reproche notamment à l’association de manquer de neutralité en matière de bien-être animal et d’exhorter les élèves à ne plus manger de viande.
Derrière cette excitation médiatique se cachent, selon toute vraisemblance, des représentants de l’élevage belge malheureusement bien plus préoccupés par l’image de leur secteur que par le bien-être des animaux « de rente ». Ces personnes sont bel et bien conscientes que les animations de GAIA encouragent les enfants à voir les animaux comme des êtres sensibles qui méritent notre respect et notre compassion. Voilà un message pédagogique qui passe très mal auprès des tenants d’un système agro-alimentaire qui assimile encore et toujours les animaux à de la « viande sur pattes ».
Avant tout, j’aimerais souligner que la vaste majorité des animations dispensées par nos éducateurs portent sur les animaux de compagnie, et non sur les animaux « de rente ». En effet, parmi les 4 thèmes que nous proposons aux enseignants, un seul traite de l’alimentation et de l’élevage industriel. Durant cet atelier, nos animateurs exposent aux élèves les conditions de vie extrêmement pénibles des animaux dans les élevages intensifs. Qui pourrait s’étonner que les élèves réprouvent alors le traitement réservé à ces millions d’êtres sensibles ? Les sondages sont clairs : la majorité des Belges sont opposés aux élevages industriels. Pourquoi en serait-il autrement pour leurs enfants ? Naturellement, les élèves demandent à nos animateurs ce qu’ils peuvent faire au quotidien pour aider ces animaux. La réponse est fort simple : il suffit de regarder ce que font déjà de nombreux consommateurs. Certains choisissent des produits issus de systèmes d’élevage plus respectueux du bien-être animal ; d’autres réduisent fortement leur consommation de viande ; d’autres encore s’en passent complètement.
Quoi qu’il en soit, je peux vous assurer que nos animations, aux antipodes du dogmatisme, visent avant tout à susciter la réflexion, et ce de manière interactive et ludique. Si ce n’était pas le cas, vous vous doutez bien que les écoles nous auraient fermé leurs portes depuis belle lurette. Or c’est tout le contraire qui se produit : nos animations deviennent de plus en plus populaires au fil des ans. Durant l’année scolaire 2018-2019, quelque 15.000 élèves du primaire et du secondaire ont été sensibilisés par GAIA. Un record depuis la création de notre département Éducation !
C’est un fait : les enfants d’aujourd’hui sont les citoyens de demain. C’est pourquoi GAIA a pris la décision, il y a environ 10 ans, de faire de la sensibilisation dans les écoles primaires et secondaires. Nos animations ont pour principal objectif d’encourager les élèves à développer un rapport aux animaux empreint d’empathie et de compassion. Et nous sommes convaincus que cette stratégie sur le long terme contribue déjà à la construction d’une société beaucoup plus respectueuse de tous les animaux qui cohabitent avec nous sur cette planète. Y a-t-il encore une place pour les élevages industriels dans cette société-là ? N’en déplaise à certains professionnels de l’agro-alimentaire, nous sommes chaque jour plus nombreux à penser que non.
Michel Vandenbosch, président de GAIA