Comment se prononcent les partis bruxellois
Le 17 septembre 2018, l’organisation de défense des animaux GAIA a envoyé un bulletin de vote aux présidents de tous les partis politiques siégeant au Parlement bruxellois. Nous leur demandions de nous dire, sans détours, quel député de leur parti allait s’engager à co-signer ou introduire une proposition d’ordonnance pour une interdiction de l’abattage sans étourdissement en Région de Bruxelles-Capitale. Nous avons exigé une réponse claire : pas de tergiversations, de « oui mais » ou de fausses promesses. A travers ce bulletin symbolique, nous avons invité 14 partis politiques établis et représentés au Parlement à cocher la case correspondante à leur choix, à s’engager sur ce vote et à le renvoyer à GAIA. Voici les résultats obtenus. Nous vous les transmettons en toute objectivité.
Dans le cadre des élections communales qui se tiendront le 14 octobre prochain, l’association de défense des animaux GAIA a consulté 14 partis politiques bruxellois pour connaître leur position sur l’abattage sans étourdissement. En effet, l’année dernière, la Wallonie et la Flandre ont toutes les deux adopté l’interdiction absolue de l’abattage sans étourdissement, imposant l’étourdissement préalable à la saignée et réversible. Sans plus de difficultés.
L’affiche que vous voyez est le résultat d’une simple question, posée de la même manière aux présidents des partis qui siègent au Parlement bruxellois (PS, MR, DéFi, cdH, Ecolo, Open VLD, sp.a, Groen, N-VA, CD&V, Vlaams Belang, PTBPVDA-Go!) : « Êtes-vous pour ou contre une interdiction de l’abattage sans étourdissement en Région de Bruxelles-Capitale ? »
Deux partis francophones (DéFi et MR) et six partis néerlandophones (CD&V, Groen, N-VA, Open VLD, sp.a et Vlaams Belang) ont répondu par l’affirmative. Le cdH, Ecolo, le PS et l’alliance PTBPVDA-Go! ont refusé de répondre favorablement.
Opportunisme politique devant le bien-être animal
Alors qu’en Wallonie (mai 2017) et en Flandre (juin 2017), l’interdiction de l’abattage sans étourdissement a été approuvée de façon quasi unanime et sans aucune voix contre, à Bruxelles, la majorité des partis francophones refuse de faire avancer le dossier.
Pour l’association de défense des animaux GAIA, ce constat est glaçant. « Mi-juillet, la députée Annemie Maes (Groen) a déposé une proposition d’ordonnance visant une interdiction de l’abattage sans étourdissement des animaux, à l’image de la loi déjà adoptée en Wallonie et en Flandre », explique Michel Vandenbosch, le président de GAIA. En effet, la proposition de la députée bruxelloise prévoit pour le 1er janvier 2019 un étourdissement obligatoire par électronarcose avant la saignée pour les moutons et les chèvres, et un étourdissement immédiatement après la saignée (post-cut stunning) pour les bovins. Le texte demande également au gouvernement bruxellois de mettre tout en place pour que la technique d’étourdissement et d’immobilisation avant l’égorgement soit rapidement au point pour les bovins, afin de remplacer dès que possible le post-cut stunning, et donc de leur épargner une souffrance inutile et évitable au moment de l’abattage.
« A plusieurs reprises, Bianca Debaets (CD&V), Secrétaire d’État bruxelloise au Bien-être animal, s’est également exprimée publiquement en faveur d’une interdiction, sans qu’aucune décision ne soit jamais actée », constate Michel Vandenbosch. « Il est incompréhensible que la Flandre et la Wallonie aient réussi à adopter l’interdiction légale de l’abattage sans étourdissement, alors que la Région de Bruxelles-Capitale n’a toujours pas voté en ce sens. »
Nous revendiquons l’étourdissement
En Belgique, des milliers d’animaux sont abattus sans étourdissement préalable. Pas seulement un jour par an, mais quotidiennement dans les abattoirs. L’égorgement des animaux sans étourdissement expose pourtant les animaux à des souffrances sévères et prolongées, pouvant durer jusqu’à 12 minutes dans certains cas pour les bovins. La Wallonie et la Flandre ont choisi une méthode plus digne : l’électronarcose. Force est de constater que toutes les associations vétérinaires belges et européennes se montrent univoques à ce sujet : l’abattage sans étourdissement est inacceptable en termes de souffrances pour l’animal.
GAIA n’incite personne à voter pour tel ou tel parti
Par cette infographie, GAIA souhaite communiquer – en toute objectivité – la liste des partis qui ont répondu, en toute clarté, à notre question et ceux qui ont préféré ne pas y répondre favorablement. Ni plus ni moins. Mais la publication de ce visuel (d’abord dans le journal 7 Dimanche, ensuite sur nos réseaux sociaux), a provoqué des réactions calomnieuses de la part de certains partis. « Ecolo et le PTB font preuve de malhonnêteté en nous accusant d’incitation au vote pour le Vlaams Belang, au simple motif que nous avons mentionné ce parti dans notre visuel. GAIA n’incite personne à voter pour tel ou tel parti. Nous avons toujours rejeté toutes positions racistes ou xénophobes. Historiquement, nous avons d’ailleurs été la première organisation à arracher la thématique de l’abattage sans étourdissement à l’extrême-droite », explique Michel Vandenbosch, le président de GAIA. Et d’insister : « Le seul objectif de GAIA est de mettre définitivement un terme – légal – à l’abattage sans étourdissement de moutons et de bovins partout à Bruxelles. La Flandre et la Wallonie l’ont fait. Pourquoi les partis qui défendent les valeurs humanistes, sociales et qui sont censés s’inscrire dans la lutte pour l’environnement restent-ils "figés" à ce point à Bruxelles ? »
Une question qui dérange
Pour GAIA, ces crispations résultent d’un manque de courage politique et d’un opportunisme électoral mal placé. « La polémique autour de l’abattage sans étourdissement, notamment celui de moutons, est loin d’être récente et est suffisamment intolérable pour être prise en considération sans attendre la solution globale mettant fin à toutes les souffrances infligées aux animaux », explique Michel Vandenbosch. Et de conclure : « C’est une question qui dérange, car elle oblige les partis à prendre position. Au risque de perdre des voix. »
Le 14 octobre, chaque voix compte. GAIA ne stigmatise aucune communauté. GAIA ne demande pas l’interdiction de l’abattage rituel en soi. Mais à la veille des élections communales, l’électeur est en droit d’être informé sur la vraie position des partis bruxellois au sujet de l’abattage sans étourdissement. D’autant plus que, selon un sondage d’opinion Ipsos (2017), un Bruxellois sur trois envisage de voter pour un autre parti si son parti de prédilection ne voulait pas de cette interdiction.