À l’occasion de la Journée mondiale des animaux de laboratoire, Cruelty Free International, dont GAIA est le représentant en Belgique, publie l’enquête la plus récente, la plus précise et la plus complète jamais réalisée sur le nombre d’animaux utilisés dans le cadre d’expériences scientifiques dans le monde. 79,9 millions d’expériences sur des animaux ont été réalisées dans le monde en 2015, estime l’ONG. Soit une augmentation de 37 % en 10 ans, par rapport à la précédente enquête, qui a longtemps servi de référence. Mais le nombre d’expériences sur les animaux n’est pas égal au nombre d’animaux utilisés pour ces expériences. « 192,1 millions d’animaux ont été utilisés en 2015, contre 115,2 millions en 2005 », déclare le président de GAIA, Michel Vandenbosch. « Des chiffres choquants qui montrent que nos gouvernements doivent prendre des mesures concrètes, avec des objectifs chiffrables, pour réduire durablement le nombre d’animaux utilisés dans les expériences. Car le développement et la validation d’un nombre croissant de méthodes alternatives ne suffit manifestement pas. »
Le nombre d’expériences sur les animaux dans le monde ne cesse d’augmenter. Et bien que cette augmentation s’explique en partie par l’amélioration du modèle de prévision et les nouvelles exigences de déclaration au sein de l’Union européenne, on constate une augmentation significative du nombre d’expérimentations animales dans les pays déclarants. Autre constat choquant : depuis la dernière estimation de Cruelty Free International, qui date de 2005, le nombre de pays produisant des statistiques publiques sur l'utilisation des animaux n’a pas changé. « Faire preuve d’un peu de transparence ? Malheureusement, cela semble souvent impossible dès qu’il s’agit d’animaux de laboratoire », déclare Michel Vandenbosch.
76,9 millions d’animaux supplémentaires
Lorsqu’on examine les chiffres relatifs au nombre d’animaux utilisés dans les expériences, on constate aussi que les résultats sont peu positifs. Par rapport à 2005, pas moins de 76,9 millions d’animaux supplémentaires ont été utilisés en 2015 à des fins de recherche. Soit 192,1 millions d’animaux dans le monde. Outre les animaux utilisés à des fins expérimentales, ce chiffre comprend les animaux tués pour leurs tissus, les animaux utilisés pour maintenir des souches d’animaux génétiquement modifiés et les animaux élevés pour des expériences mais non utilisés ou tués en tant que surplus. Souvent, ces animaux ne figurent pas dans les statistiques nationales.
Selon les conclusions de Cruelty Free International, les 10 premiers utilisateurs d’animaux en 2015 sont les pays suivants : Chine (20 496 670 expériences) ; Japon (15 033 305) ; États-Unis (14 574 839) ; Canada (3 570 352) ; Australie (3 248 483) ; Corée du Sud (3 110 998) ; Royaume-Uni (2 586 942) ; Brésil (2 179 621) ; Allemagne (2 044 894) et France (1 901 752).
La Chine et les États-Unis : premiers utilisateurs de singes et de chiens
Pour la première fois, le nombre total d’expériences sur les singes et les chiens a également été calculé. On estime qu’en 2015, pas moins de 207 724 expériences avec des chiens et 158 780 expériences avec des singes ont été réalisées. Les 10 pays à utiliser le plus de chiens dans les tests sont : la Chine, les États-Unis, le Canada, la Corée du Sud, le Japon, l’Australie, le Brésil, le Royaume-Uni, l’Allemagne et l’Inde. Les 10 premiers utilisateurs de singes sont : les États-Unis, la Chine, le Japon, le Brésil, le Canada, le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne, l’Inde et la Corée du Sud.
Le Dr Katy Taylor, directrice des affaires scientifiques et réglementaires de Cruelty Free International, déclare : « Malgré l’inquiétude croissante du public et la disponibilité de méthodes alternatives non animales, les animaux continuent d’être utilisés dans des expériences cruelles et peu fiables partout dans le monde. Nos chiffres montrent que l’utilisation mondiale d’animaux en laboratoire a considérablement augmenté sur une période de dix ans. Le fait que le nombre total d’animaux approche dangereusement les 200 millions par an devrait être une cause majeure de préoccupation ».
« La recherche expérimentale sans animaux doit s’inscrire dans l’esprit des chercheurs comme un devoir éthique, une priorité et un bien nécessaire, ajoute Michel Vandenbosch. Mais les ministres compétents doivent aussi aller au-delà de leurs déclarations d’intentions. Pour réduire efficacement le nombre de tests sur les animaux, ils doivent élaborer des stratégies, fixer des objectifs concrets et orienter les chercheurs au moyen de politiques efficaces. Les chercheurs qui ne jurent que par l’utilisation d’animaux de laboratoire, ne changeront jamais la donne de leur propre chef, malgré toutes leurs explications ».