GAIA : « Combien de pigeons faudra-t-il tuer à Charleroi ? »
L’organisation de défense des animaux GAIA regrette et dénonce la politique de gestion des pigeons menée par la Ville de Charleroi, qui vient d’investir dans du matériel onéreux pour mettre à mort des oiseaux par milliers. A l’aide d’un canon à filet, les pigeons sont capturés en grand nombre, puis euthanasiés par gazage dans un caisson. « C’est de la mauvaise gestion, et nous le répétons à Charleroi depuis des années », condamne Ann De Greef, la directrice de GAIA. « En plus du stress et des souffrances que la méthode provoque, elle ne sert à rien : de nouveaux pigeons viennent rapidement prendre la place laissée. »
Inutiles, les captures de pigeons ? C’est ce qu’indiquent en effet les recherches scientifiques. L’espace laissé vacant par les pigeons euthanasiés est vite réinvesti par une nouvelle population. Des études effectuées à Utrecht et à Rotterdam ont observé une reproduction accélérée des oiseaux survivants... qui deviennent plus nombreux qu'avant la capture. En 2011, un rapport scientifique réalisé par le SPF Santé publique arrivait aux mêmes conclusions : la technique de la capture/élimination n’a aucun effet à long terme. Tout récemment, un avis du Conseil wallon du Bien-être animal recommande même d’éviter de recourir à cette méthode.
Comment justifier alors l’investissement par la Ville de Charleroi dans un canon à pigeons pour le prix de 6000 euros ? « Pour nous, c’est l’incompréhension », explique Ann De Greef. « Depuis près de 10 ans que nous sommes en contact avec la Ville de Charleroi à ce sujet, nous lui avons toujours dit que l’euthanasie, en plus d’être inacceptable éthiquement, n’avait pas d’effet. »
GAIA reconnaît néanmoins que les surpopulations de pigeons sont problématiques : « Les premières victimes en sont d’ailleurs les pigeons eux-mêmes. » L’association rappelle qu’il existe des alternatives valables aux euthanasies. Premièrement, il est important de travailler sur la sensibilisation de la population à propos de l’interdiction du nourrissage. Ensuite, l’installation de pigeonniers, si elle est faite de manière efficace, attrayante pour les pigeons et à des endroits stratégiques, constitue une méthode de régulation efficace et respectueuse du bien-être animal : les œufs fraîchement pondus par les pigeonnes peuvent y être récoltés et détruits « Depuis de nombreuses années, Charleroi nous promet qu’elle prévoit de placer des pigeonniers, mais rien ne se fait », déplore GAIA.
Autre alternative prometteuse : la Belgique autorise désormais le recours à une graine contraceptive, qui a fait ses preuves dans d’autres pays, et qui permet de rendre inféconds les œufs pondus. Des vétérinaires proposent désormais leurs services aux villes et communes pour un bon encadrement de cette méthode.
L'avis du Conseil wallon du Bien-être animal recommande la création d'une cellule d'accompagnement ayant pour mission d'évaluer la politique menée pour gérer la (sur)population de pigeons, en tenant compte de son efficacité et du respect des animaux. En tant qu’êtres sensibles, les pigeons sont protégés par la loi du 14 août 1986 sur le bien-être des animaux. Leur mise à mort – alors que d'autres méthodes existent – est en contradiction avec l'esprit de son article 1 : « Nul ne peut se livrer sciemment à des actes non visés par la présente loi, qui ont pour but de faire périr inutilement un animal ou de lui causer inutilement une mutilation, une lésion ou des souffrances. »