Le dimanche 20 octobre, la journée GAIA a eu lieu à Gand pour le public néerlandophone. Les membres flamands de GAIA ont pu se plonger dans une véritable machine à remonter le temps : tant les combats et les succès du passé que les objectifs de la décennie à venir ont été évoqués. Un des objectifs pour les dix prochaines années est de s’attaquer de manière structurelle à la souffrance animale. Et l’un des moyens pour la contrer est de développer la viande cultivée.
C’est pourquoi GAIA a invité Mark Post à expliquer au public ce qu’est la viande cultivée, comment elle est développée et quels en sont les avantages (et aussi les points d’attention). Mark Post est le scientifique néerlandais qui a fabriqué le tout premier burger de viande cultivé en 2013. Il n’a pas eu peur d’aborder les questions qui fâchent pendant la journée GAIA, tout a été expliqué de manière complète et transparente.
Les muscles (la viande est un tissu musculaire animal) sont remplis de cellules souches qui servent à réparer les dommages musculaires et à produire encore plus de cellules souches. Une seule biopsie, au cours de laquelle un minuscule morceau de tissu musculaire est prélevé sur un animal, peut donner 50 000 kilogrammes de viande. Le premier hamburger conçu par Mark Post a coûté pas moins de 250 000 euros, dont trois ont été réalisés pour être dégustés par des experts culinaires.
La qualité augmente, les prix s'effondrent
En 2013, la viande cultivée était encore un rêve purement académique ; en 2019, les entreprises actives dans ce secteur produisent leurs prototypes pour quelques dizaines d’euros. L’objectif étant de le faire à un prix compétitif par rapport à la viande (bon marché) d’aujourd’hui. Selon Mark Post, nous aurons besoin d’environ 30 000 animaux comme base pour assurer la culture de viande nécessaire la population mondiale. Avec une nuance de taille : aucun de ces animaux ne devra être abattu.
Certaines entreprises font le choix d’appliquer des modifications génétiques, surtout aux États-Unis. Mark Post et d’autres ont choisi de ne pas le faire, car le consommateur européen est plus critique à cet égard. En réalité, aucune modification génétique n’est nécessaire pour la viande cultivée.
Mieux que la fricadelle
Mark Post a aussi examiné de plus près l’attitude des consommateurs. Pourquoi la viande est-elle si populaire ? Et pourquoi la viande cultivée semble si étrange à première vue ? Pour répondre à ces craintes, il donne l’exemple d’une fricadelle : la plupart des gens ne savent pas ce qu’il y a dedans et ne veulent pas vraiment le savoir. Pourtant, cette incontournable saucisse est très populaire, parce que les gens grandissent avec elle et que d’autres aiment la manger. Selon lui, la viande cultivée connaîtra le même sort. Elle ne s’imposera pas dans l’assiette du jour au lendemain, cela prendra du temps. Et si elle reste parfois décrite comme « contre nature », c’est parce que beaucoup oublient à quel point l’élevage industriel est tout sauf naturel. Mark Post a expliqué que la viande cultivée ne doit pas nécessairement être un produit industriel. Il y a aussi des gens actifs dans le monde de la viande de culture qui veulent développer une version plus traditionnelle, dans laquelle la viande est « brassée » à petite échelle, pour ainsi dire.
Sans antibiotiques
Beaucoup de membres de GAIA avaient des questions pour Mark Post. Les antibiotiques sont-ils utilisés pour la viande cultivée, comme c’est communément le cas dans l’élevage aujourd’hui ? La réponse est sans équivoque : lui et d’autres essaient simplement de développer de la viande cultivée sans antibiotiques. C’est un défi, car dans les cultures cellulaires, les antibiotiques sont parfois utilisés pour prévenir les infections. Mais à partir du moment où la viande est cultivée dans un environnement aseptisé, c’est tout à fait possible et, de toute manière, ce serait beaucoup moins le cas que dans l’élevage bovin actuel. Une autre question portait sur les raisons du développement de la viande cultivée. Mark Post a confirmé que certains grands transformateurs de viande sont intéressés par cette technologie, évidemment pour des raisons commerciales. Selon lui, cela est également nécessaire pour accélérer le développement de la viande cultivée. Mais les personnes qui sont au cœur de la technologie sont particulièrement préoccupées par les problèmes mondiaux tels que la souffrance animale et la faim dans le monde et veulent travailler à une solution.