Des sociétés de viande chevaline sont responsables de graves négligences et maltraitances de dizaines de milliers de chevaux abattus en Amérique du Sud. Des sociétés belges, propriétaires d'abattoirs de chevaux en Amérique du Sud et qui vendent de la viande chevaline aux supermarchés en Belgique, entretiennent ces pratiques révoltantes. C'est ce qu'il ressort d'une nouvelle enquête de l'organisation de défense des animaux GAIA. Lors d'une conférence de presse à Bruxelles, GAIA a présenté aujourd'hui un film sur les conditions dans lesquelles les chevaux sont transportés et abattus, tourné par une équipe spéciale à l'automne 2009 au Mexique et au Brésil.
Les images montrent comment chaque année, des milliers de chevaux maigres jusqu'à l'os, extrêmement déshydratés et affamés, entassés pendant des jours dans des camions surchargés, sont transportés sans être nourris ni abreuvés sur des distances de plus de 2500 km vers les abattoirs mexicains et brésiliens. De nombreux animaux sont transportés depuis les Etats-Unis vers le Mexique. On assène à des chevaux décharnés et très affaiblis des chocs électriques pour les obliger à rester debout. Des chevaux gravement blessés et maltraités sont aussi transportés depuis des marchés aux bestiaux vers les abattoirs, dans des bétaillères inadaptées au transport de chevaux.
La législation mexicaine et brésilienne en matière de bien-être animal n'existe que sur le papier et les abattoirs agréés pour l'exportation de viande chevaline vers l'UE bafouent de façon flagrante la loi européenne en matière de protection des animaux destinés à l'abattage. GAIA en appelle aux consommateurs pour qu'ils cessent de consommer de la viande chevaline provenant de chevaux abattus en Amérique du Sud, et demande aux supermarchés belges de renoncer à la vente de viande chevaline sud-américaine.
Décharnés et déshydratés
Le film de GAIA montre comment, dans un abattoir mexicain, on traîne par les pattes un cheval qui ne peut plus se tenir debout. Dans les abattoirs brésiliens les chevaux arrivent décharnés, déshydratés et affamés après un calvaire de plusieurs jours dans des camions bondés. Certains chevaux y périssent avant même d'être abattus. Le porte-parole d'un abattoir de chevaux brésilien qui entretient des relations commerciales avec un importateur belge a confirmé aux enquêteurs de GAIA que de nombreux chevaux arrivent dans un état de déshydratation avancé. Il a avoué qu'en l'espace d'une semaine, 48 chevaux étaient morts dans les enclos. Des animaux grièvement blessés sont aussi abattus, ainsi que des chevaux qui n'ont plus que la peau sur les os, pour en faire de la nourriture pour chiens.
En état de décomposition
La plupart des chevaux abattus au Mexique proviennent de tous les Etats-Unis et sont transportés depuis le Texas vers les abattoirs mexicains dans des camions à étage. De tels camions sont pourtant interdits au Mexique. Au Texas, chaque année des milliers de chevaux sont rassemblés à un endroit qui est la propriété de BelTex, une filiale de la société de viande chevaline belge Multimeat. De nombreux animaux y périssent, sans aucun abri contre les chaleurs extrêmes et la pluie. Les images de ce lieu de rassemblement montrent des animaux crevés, des cadavres en décomposition, des carcasses et des os de chevaux. Ces images soulèvent de graves questions quant à l'importance qu'accorde Multimeat non seulement au bien-être animal, mais aussi à l'hygiène.
Intérêts commerciaux
Des sociétés de viande chevaline belges telles Velda, Multimeat, Chevideco et Equinox possèdent des abattoirs de chevaux en Amérique du Sud ou font des affaires avec eux. En 2005, près de 20 000 tonnes de viande chevaline (sud)américaine a été importée en Belgique. Autant d'animaux qui subissent un calvaire insoutenable pour les intérêts commerciaux de ces sociétés. Cette viande est destinée au consommateur belge mais est également réexportée vers d'autres pays de l'UE.
Responsabilité
"Ces sociétés belges portent une responsabilité écrasante," selon Michel Vandenbosch. "Elles se prétendent les porte-drapeaux du bien-être animal, et présentent la viande des chevaux sud-américains comme étant de qualité supérieure, et allèguent que les animaux mèneraient une vie de luxe sans souffrance, profiteraient de la liberté dans des prés, recevraient une nourriture abondante et seraient admirablement soignés. Mais la réalité est dramatiquement différente de ces descriptions idylliques. Ces sociétés sont complices des sévices insupportables dont sont l'objet des dizaines de milliers de chevaux sud-américains, car elles entretiennent des pratiques honteuses."
Les supermarchés
On trouve dans les rayons des supermarchés belges de la viande chevaline d'Amérique du Sud. Aussi longtemps que la viande chevaline d'Amérique du Sud sera achetée et vendue, les pratiques indignes révélées par l'enquête de GAIA plus haut perdureront. C'est pourquoi GAIA demande aux supermarchés de cesser de vendre de la viande chevaline provenant d'Amérique du Sud. GAIA demande une concertation avec les chaînes de supermarché concernées. Elles aussi doivent prendre leurs responsabilités, estime l'organisation de défense des animaux: "Il se peut que les supermarchés vendent la viande chevaline d'Amérique du Sud en toute bonne foi, ignorant la souffrance animale engendrée," explique Michel Vandenbosch. "Il se peut que leurs fournisseurs les trompent à ce sujet - bien qu'on pourrait tout de même attendre d'une chaîne de supermarchés qu'elle exige de solides garanties en matière de bien-être et de santé animale. Mais dès qu'elles apprendront la vérité sur la situation, elles devront en tirer leurs conclusions. Cette sorte de viande peut difficilement être recommandée au consommateur comme une viande de qualité. »
Le consommateur
Garantir que les animaux sont bien traités dans des pays comme le Mexique et le Brésil n'est pas possible dans la pratique. Le consommateur n'a pas les moyens de vérifier lui-même les conditions de vie et d'abattage des animaux. Dans ces conditions, GAIA lance un appel au public, afin qu'il renonce à la viande chevaline d'Amérique du Sud.
(Les résultats de cette enquête menée sous couverture ont également été révélées aujourd'hui en France par One Voice et aux Pays-Bas par Wakker Dier.
L'enquête inclut des archives tournées en 2007, 2008 et 2009 par Animals Angels et qui témoignent de la récurrence des problèmes)