Au cours de cérémonies dignes d’une « graduation » à l’américaine, les ministre wallon et flamand du Bien-être animal, ainsi que la secrétaire d’État bruxelloise en charge , s’est vu décerner un diplôme d’honneur des mains de la directrice et du président de GAIA Ann De Greef et Michel Vandenbosch. En présence des véritables membres du jury : les animaux.
Ce n’est pas une surprise, mais le ministre wallon du Bien-être animal Carlo Di Antonio (cdH) se retrouve en haut du podium, avec un résultat de 17/20. Ben Weyts (N-VA), se retrouve en deuxième position avec un score de 16/20. La secrétaire d’État bruxelloise Bianca Debaets (CD&V), quant à elle, affiche une belle progression avec une note finale de 14/20. Les ministres wallon et flamand du Bien-être animal, ainsi que la Secrétaire d’État bruxelloise au Bien-être animal ont vu leurs politiques en matière de bien-être animal récompensées par GAIA avec des résultats en hausse, par rapport à leurs rapports de mi-mandats. « Si la sixième réforme de l’État a apporté un changement vraiment positif, c’est bien dans le domaine du Bien-être animal », observe Michel Vandenbosch, président de GAIA. « Depuis 2014, les Régions disposent d’un ministre à part entière pour cette matière (ou d’une secrétaire d’État en Région bruxelloise) et leur politique en matière de bien-être animal ne se limite pas à des déclarations d’intention. »
Wallonie : 17/20
Excellent parcours pour Carlo Di Antonio
À la moitié de son mandat, en janvier 2017, GAIA avait évalué les résultats, les avancées, mais aussi les occasions manquées du ministre du Bien-être animal de la Région wallonne. Carlo Di Antonio avait alors reçu la note intermédiaire de 14/20. La deuxième mi-temps a donc été décisive. « En tant que Premier ministre wallon du Bien-être animal, Carlo Di Antonio aura réalisé davantage d’avancées en une seule législature que n’importe quel gouvernement dans le passé. Il réalise un excellent parcours qui lui vaut un résultat – vraiment mérité – de 17/20 », explique Michel Vandenbosch.
La législature 2014-2019 de Carlo Di Antonio aura ainsi été marquée par des avancées majeures commel’interdiction de l’élevage d’animaux à fourrure, l’interdiction de l’abattage sans étourdissement et la stérilisation obligatoire des chats. Mais l’effet décisif aura été le décret sur le Code wallon du Bien-être des animaux qui, par sa nature, interdit l’élevage de poules pondeuses en cage, les manèges à poneys, la détention de cétacés en captivité, les pièges à colle et l’expérimentation des produits d’entretien et des biocides sur les animaux. Ce code oblige également de prévoir des abris pour tous les animaux détenus à l’extérieur. Parmi d’autres points forts, ce code oblige aussi les abattoirs à installer des caméras de surveillance. Il accentue aussi les peines de prison (de 10 à 15 ans), ainsi que les amendes (jusqu’à 10 millions d’euros) pour les pires cruautés et abus sur les animaux.
Deux bémols : pas d’interdiction du gavage ni de la castration chirurgicale des porcelets
Si GAIA applaudit toutes ces avancées, l’organisation de défense des animaux regrette toutefois qu’aucun accord n’ait pu être trouvé pour l’interdiction de la méthode cruelle qu’est le gavage dans la production de foie gras et de la castration chirurgicale des porcelets. Néanmoins, le ministre wallon du bien-être animal et, sous son impulsion, le gouvernement wallon ont suivi une voie décisive vers un meilleur bien-être animal !
Flandre : 16/20
Ben Weyts, un parcours à la hauteur
Avec un score de 16/20, le bilan final du ministre flamand Ben Weyts est, lui aussi, très honorable. Il affiche la plus belle progression, puisque son résultat à mi-mandat était de 12/20. Grâce à des avancées concrètes, y compris des lois qui, il y a cinq ans, étaient encore considérées comme politiquement irréalisables et impossibles comme l’interdiction de l’abattage sans étourdissement, l’interdiction de l’élevage d’animaux à fourrure et du gavage forcé pour la production du foie gras, la stérilisation obligatoire des chats, des règles juridiques plus strictes concernant le commerce des chiens et des chats et des mesures contre les mauvaises pratiques des animaleries et des éleveurs intensifs de chiens, des mesures contre les abus dans les abattoirs, l’introduction de la liste positive des reptiles, l’augmentation des peines d’emprisonnement maximales de 6 mois à 18 mois pour la maltraitance sur les animaux, etc. Le ministre a aussi réussi à décrocher un accord, soutenu par la majorité et l’opposition, qui vise à interdire (sauf exception) les feux d’artifice dangereux pour les animaux.
Pas un parcours parfait
Mais Ben Weyts (et, dans son sillage, le gouvernement flamand) n’a pas réalisé un parcours parfait : il n’y a pas eu d’interdiction de la castration chirurgicale des porcelets, malgré le fait qu’une interdiction d’ici 2018 (!) est explicitement mentionnée dans l’accord de coalition flamand. En ce qui concerne le problème de l’expérimentation animale, le résultat est de mauvaise qualité : ainsi, selon les dernières données officielles publiées, le nombre d’animaux de laboratoire a augmenté de plus de 20.000, soit 8% ! Cela a coûté des points précieux au ministre flamand.
Bruxelles : 14/20
Bianca Debaets, un vrai travail de fond
La Secrétaire d’État bruxelloise au Bien-être animal Bianca Debaets (CD&V) a obtenu une note très honorable de 14/20, preuve qu’elle a pris ses compétences en matière de bien-être animal au sérieux. À mi-parcours de la législature, elle avait obtenu 11/20 pour son rapport intermédiaire. Avec la stérilisation obligatoire des chats, l’interdiction des élevages d’animaux à fourrure, l’interdiction du gavage forcé pour la production de foie gras, l’interdiction des poneys de foire, une réglementation plus stricte du commerce et de l’élevage des chiens et des chats, une grande considération pour les avis du Conseil bruxellois pour le bien-être animal, etc., Bianca Debaets a pu soutenir des initiatives concrètes au sein du gouvernement bruxellois. Ainsi, la loi bruxelloise sur le Bien-être des animaux reconnaît désormais « les animaux en tant qu’êtres vivants doués de sensibilité, d’intérêts et d’une dignité propres, qui bénéficient d’une protection particulière ». Un statut juridique très progressiste qui, GAIA l’espère, encouragera les tribunaux à imposer des sanctions strictes en cas d’abus et de maltraitance sur les animaux.
Mais pas d’interdiction d’abattage sans étourdissement
Bianca Debaets s’est personnellement prononcée en faveur d’une interdiction des abattages sans étourdissement en Région bruxelloise, à l’instar de la Flandre et de la Wallonie. Mais le reste du gouvernement ne l’a pas suivie. Elle a réussi à réaliser un certain nombre de mesures supplémentaires et plus strictes contre les abattages rituels à domicile (pourtant interdits) en Région bruxelloise. Mais l’interdiction de l’abattage rituel sans étourdissement n’a jamais été approuvée par le gouvernement ou le Parlement bruxellois. Cet échec a évidemment pesé dans la balance.
Des alliés essentiels
Au cours des cinq dernières années, GAIA a joué son rôle de défenseur influent du bien-être animal. À cet égard, GAIA s’est positionné comme un allié essentiel, indépendant et critique dans la politique des trois Régions en matière de bien-être animal. « Si cette politique est moins bonne ou pas assez efficace, nous le disons. Et si elle est bonne, nous le disons de la manière la plus objective et fondée possible », souligne Michel Vandenbosch, président de GAIA.
Conclusion : de grands pas en avant
Michel Vandenbosch : « Tant Bianca Debaets que Carlo Di Antonio ont fait du Bien-être animal un véritable enjeu politique grâce à leur détermination, leur motivation sincère et leurs efforts soutenus. Chacun d’entre eux, dans sa propre Région, traduit l’importance sociétale croissante du Bien-être animal par des avancées concrètes ! Beaucoup de progrès ont été réalisés, mais notre pays est loin d’être un Paradis animal sur Terre. C’est à leurs successeurs de viser encore plus haut », déclare le président de GAIA.