« Une opportunité manquée d'interdire une méthode de production cruelle »
«C'est une opportunité manquée pour la Flandre de rejoindre la plupart des pays de l'UE, qui interdisent déjà le gavage pour le foie gras en raison de la souffrance que cette méthode provoque chez les animaux, comme le prouve d'ailleurs la science »,
déplore le président de GAIA, Michel Vandenbosch, à la suite du vote au sein de la Commission Bien-être animal du Parlement flamand. Cette dernière a donc rejeté – majorité (N-VA, CD&V et Open VLD) contre opposition – la proposition de décret de M. Sanctorum, qui visait à interdire le gavage des canards et des oies pour la production de foie gras à partir du 1er janvier 2017. Michel Vandenbosch : « La N-VA et l'Open VLD reconnaissent clairement que le gavage n'est pas une méthode respectueuse des animaux, mais ils se cachent derrière une étude – commandée à l'Université Catholique de Louvain (pour un prix de 120.000 euros) par le ministre flamand du bien-être animal – concernant une méthode de production sans gavage, et dont les deux partis disent vouloir attendre les résultats. Des résultats qui ne sont attendus qu'en... 2020. GAIA ne cache pas son scepticisme à l'égard de cette étude.»
La Flandre persiste et signe pour satisfaire un seul producteur
Pour ceux qui en doutent encore, rappelons que les méthodes de gavage sont particulièrement nuisibles pour le bien-être des palmipèdes, qui sont cruellement maltraités en vue de la production de foie gras. Le dernier rapport qui confirme cette atteinte à leur bien-être remonte à 2015 et a été rédigé par une autorité mondiale en la matière, Donald M. Broom, professeur de bien-être animal à l’Université de Cambridge. L’actuelle loi sur le bien-être animal, qui date de 1986, interdit en principe le gavage, mais prévoit une exception pour les « élevages spécialisés », c’est-à-dire pour la production de foie gras (sauf en Région bruxelloise, où la pratique est complètement interdite). Avec sa proposition de décret, M. Sanctorum souhaitait mettre un terme à cette exception. Les partis de la majorité ont toutefois voté contre la proposition. « La Flandre persiste et signe pour satisfaire un seul producteur », souligne Michel Vandenbosch. « Une attitude déplorable et décevante ! »
Le gavage est même interdit en Turquie
Dans 12 pays de l’Union européenne, le gavage est formellement interdit, ou les lois en matière de protection du bien-être animal sont interprétées de telle sorte que cette pratique n’est pas acceptée. Seuls cinq pays de l’UE produisent du foie gras : la France, l’Espagne, la Bulgarie, la Hongrie et la Belgique. En Israël, un pays qui produisait autrefois dix fois plus de foie gras que la Belgique, le gavage a été interdit en 2003. La pratique est également interdite en Suisse, en Norvège, en Argentine, et même en Turquie (depuis 2004 !) ainsi que dans l’Etat américain de Californie. En Flandre, un producteur de foie gras seulement continue de nourrir de force ou gaver ses animaux.
Des appels à l’UE sans effet
Si l’on souhaite absolument continuer à produire du foie gras, alors il faut le faire sans gavage, estime GAIA. Une interdiction du gavage en Flandre encouragerait l’abandon de cette méthode. Les appels à la Commission européenne pour ne plus faire du poids du foie (450 g, soit 9 fois le poids normal d’un foie en bonne santé, qui est lui de 50 g) une condition pour commercialiser un foie engraissé de canard ou d’oie sous l’appellation « foie gras », restent jusqu’à présent sans effet.