Le lundi 25 avril, un symposium international sur des technologies et des méthodes innovatrices de production alimentaire et respectueuses des animaux – c’est-à-dire durables et sans abattages d’animaux – a eu lieu pour la première fois en Belgique. Pour cet événement organisé par GAIA et Eurogroup for Animals, quelque 200 experts, chercheurs scientifiques, représentants du monde de l’entreprise et associatif avaient répondu présent pour partager leurs connaissances et engager un dialogue. L’éminente primatologue Dr. Jane Goodall était l'invitée d'honneur au Musée des sciences naturelles de Bruxelles. Grâce à une connexion en direct, elle a elle aussi mis en lumière les possibilités offertes par les dernières technologies dans le monde de la production alimentaire. Le public était pendu à ses lèvres…
Plus que jamais, une transition vers une production et une consommation alimentaires sans abattage d’animaux et à base de plantes est nécessaire pour que l'avenir reste vivable, tant pour l'humanité que pour les animaux.
C'est pourquoi GAIA et Eurogroup for Animals ont organisé ce lundi 25 avril un symposium international sur les technologies nouvelles et révolutionnaires qui ont le potentiel de conduire progressivement à une véritable révolution alimentaire.
Parmi ces nouvelles technologies alimentaires, on trouve la « viande cultivée ». Il s'agit d'une véritable viande qui ne nécessite pas l'abattage d'un animal. La viande est développée à partir de cellules souches animales, mais en dehors du corps de l'animal, dans des cuves similaires à celles utilisées pour la fermentation traditionnelle de la bière. C'est ce qu'on appelle « l'agriculture cellulaire », et il est également possible de produire du poisson, du lait, des œufs, du foie gras et du cuir de cette manière. Étaient également à l’ordre du jour : les avancées en matière de techniques de fermentation de précision.
Jane Goodall : inspirée et inspirante
Après une introduction de Michel Vandenbosch (Président de GAIA) et de Reineke Hameleers (CEO Eurogroup for Animals), le public s’est régalé de l’intervention de la très célèbre Dr Jane Goodall, éminente primatologue et ambassadrice de la paix des Nations-Unies : « Un symposium sur ce thème est vraiment très important. J'ai déjà 88 ans, et c'est formidable de voir que le mouvement en faveur d'une alimentation sans cruauté prend de l'ampleur ces dernières décennies. L'élevage de protéines s'est vraiment développé ces dernières années et les produits qui en résultent sont si semblables à la viande d'animaux abattus que les mangeurs de viande se contentent beaucoup plus facilement de ces alternatives. C'est une attitude très différente de celle qui consiste à leur dire : « Je veux que vous abandonniez la viande, que vous deveniez végétarien ou végétalien et que vous adoptiez un régime à base de plantes ». C'est un très grand défi pour certaines personnes. Si vous pouvez leur donner quelque chose qui est dérivé de la viande et qui en a aussi le goût, il est beaucoup plus facile pour eux de franchir le pas ».
« Je ne sais pas combien d'entre vous sont déjà allés dans des fermes industrielles, mais la vérité est que des milliards d'animaux dans le monde sont entassés dans des espaces minuscules et traités avec une grande cruauté ».
« Ce symposium sur les protéines en culture, comme la viande cultivée, est vraiment nécessaire : tout ce qui peut nous faire nous éloigner des méthodes actuelles et des conditions dans lesquelles les animaux sont habituellement élevés est extrêmement important. C’est également bon pour la viabilité de la planète et la santé humaine. »
Des intervenants et orateurs passionnants venus d’Europe, des Etats-Unis, d’Amérique du Sud et d’Asie
Avec 200 participants, l'événement affichait complet le 25 avril. Placé à proximité d’impressionnant exemplaires de dinosaures, le public a écouté avec fascination les présentations d'experts tels que Pelle Sinke (consultant en environnement, Université de Delft, Pays-Bas), Robert Jones (responsable des affaires publiques chez Mosa Meat), Carla Forte Maiolino Molento (professeur de science animale, Université de Paraná, Brésil), Ira van Eelen (présidente de la Fondation Invitromeat et fille de Willem van Eelen, pionnier dans la recherche en matière de viande cultivée, Pays-Bas), Jah Ying Chung (chercheur en marché social, Chine), Elsa Lauwers (directrice scientifique de Paleo), Chris Bryant (docteur en sciences sociales), Gwenn Nevelsteen (fondatrice du bureau de communication Untitled Workers Club), Philip Lymbery (CEO de World Farming), Helene Miller (responsable des affaires européennes chez Aleph Farms en Israël et vice-présidente de Cellular Agriculture Europe), Inge Ooms (Imperial Meat Products et Aoste), Frederic Vermeiren (bioingénieur chez Colruyt Group).
Dimension durable, éthique et socialement responsable
Ann De Greef, directrice générale de GAIA : « Nous devons nous engager pleinement dans des technologies nouvelles, durables et respectueuses des animaux pour produire des aliments. Une telle transition sera synonyme de révolution, pour les animaux et pour la planète. La science moderne recèle un potentiel énorme ; détourner le regard n’aurait aucun sens. Tous les experts venus s'exprimer lors de notre symposium nous l’ont encore rappelé aujourd’hui même. »
Michel Vandenbosch, président de GAIA : « L'innovation technologique permettra de produire des aliments d'une manière beaucoup plus durable, éthique et socialement responsable. Les nouvelles technologies alimentaires sont des acteurs de changements. Elles sont porteuses d'espoir pour l'avenir de l'humanité, des animaux et de la planète. L’avenir se construira sans abattage. »
Reineke Hameleers, CEO de Eurogroup for Animals : « La viande cultivée pourrait radicalement changer notre relation avec les animaux de ferme et contribuer à sauver la planète, grâce à son impact environnemental moindre et à la réduction du nombre d'animaux élevés pour l'alimentation. Au lieu de produire des aliments par le biais d'animaux élevés de manière intensive, nous pourrions utiliser les ressources pour produire des aliments destinés à nourrir les gens. »
Résonance politique
Les scientifiques, représentants d’entreprises et défenseurs du bien-être animal présents ne sont d’ailleurs pas les seuls à voir les grands avantages des dernières technologies. Dans les milieux politiques également, on reconnaît les avantages majeurs des nouvelles technologies pour la production alimentaire.
Niels Fuglsang, député européen, Groupe de l'Alliance Progressiste des Socialistes et Démocrates : « Aujourd’hui, la façon dont les protéines animales sont produites et consommées a un impact majeur sur la santé de la planète. En Europe, le niveau actuel de consommation de viande est insoutenable. Pourtant, nous savons que l'un des moyens les plus efficaces de lutter contre la crise climatique consiste à transformer notre système alimentaire : la viande cultivée pourrait être une pièce importante de ce puzzle. Elle permettra de répondre à la demande de viande en utilisant moins de terres et en créant de l'espace pour des pratiques agricoles plus durables. La viande cultivée est définitivement une victoire pour les animaux et l'environnement ».
Francisco Guerreiro, député européen, Groupe des Verts / Alliance libre européenne : « La demande de viande reste élevée malgré l'essor des protéines végétales. Contrairement aux produits végétaux, la viande cultivée est développée à partir de cellules animales pour produire un goût et une texture quasiment identiques à ceux de la viande conventionnelle, avec de nombreux avantages potentiels : elle réduit la nécessité d'élever des animaux pour l'alimentation, sa production est plus respectueuse de l'environnement et les problèmes de sécurité alimentaire sont minimisés. Notre société doit s’orienter vers la généralisation des protéines d'origine végétale : celles-ci sont plus durables et ne nuisent pas aux animaux. »
Symposium ‘The evolution of food: towards animal-free and sustainable technology’, 25/4, Musée des sciences naturelles, Bruxelles