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16 Novembre 2018
Images choquantes : elles ont dû être « pig-xelisées »
Aujourd’hui, l’organisation de défense des animaux GAIA a lancé une nouvelle campagne réclamant une interdiction de la castration chirurgicale des porcelets. Elle diffuse ainsi un spot TV sur des chaînes francophone (RTL-TVI) comme flamandes (Een et VTM) du 16 jusqu’au 29 novembre. « Assez d’excuses, ras-le-bol des tergiversations. Ca fait des années que le monde politique et les organisations d’éleveurs promettent la fin de cette pratique douloureuse », déplore Michel Vandenbosch, le président de GAIA. « Mais tant qu’il n’y aura rien de concret, nous continuerons notre campagne ! ». Depuis des mois, une proposition d’interdiction en Wallonie n’attend que d’être débattue et votée par le Parlement, et GAIA s’interroge sur cet immobilisme.
L’objectif derrière ce nouveau spot TV est clair : rappeler que la castration chirurgicale des porcelets est une pratique très douloureuse pour les porcelets. On entend clairement les hurlements des jeunes animaux au moment où l’éleveur extrait les testicules et sectionne les cordons séminaux, le tout sans anesthésie. La procédure se passe sous les yeux de la mère des porcelets… « Les images sont si choquantes que nous avons dû les ‘pig-xeliser’ », explique Michel Vandenbosch.
Odeur de verrat
GAIA espère que sa nouvelle campagne aboutira à une avancée concrète en Wallonie. Cette mesure répondrait aux attentes de 85 % des Wallons, qui trouvent que la castration chirurgicale des porcelets devrait être interdite. Certains députés ont d’ailleurs entendu les cris des animaux et l’appel de la population : une proposition de décret visant une interdiction a déjà été rédigée par Josy Arens (cdH) et co-signée par Véronique Waroux (cdH), Christine Defraigne (MR), Virginie Gonzales (PS) et André-Pierre Puget (JEXISTE). Des représentants de pratiquement tous les partis en Wallonie sont donc favorables à l’arrêt de la souffrance des porcelets. « Il ne reste plus qu’à voter la proposition, pourquoi est-ce que le texte n’a pas encore été inscrit à l’ordre du jour du Parlement wallon ? », s’interroge GAIA.
Qu’est-ce que la castration des porcelets, exactement ? Concrètement, l'opérateur saisit le jeune animal, l'immobilise, et incise la peau du scrotum avec une lame. Il extrait ensuite les testicules avec les doigts, et coupe le cordon séminal. Le porcelet est enfin replacé dans son enclos, sans que la plaie ne soit refermée. Cette pratique a lieu parce que dans des cas minoritaires, une odeur jugée désagréable se dégage lors de la cuisson de la viande de porcs non castrés (l’odeur de verrat). Seule une part des consommateurs est sensible à cette odeur. Mais pour parer à ce petit risque de désagrément, environ quatre millions de porcelets sont castrés à vif chaque année dans notre pays, en dépit du caractère traumatisant et douloureux de la procédure.
Depuis près de 20 ans, GAIA revendique une interdiction légale de cette pratique. Cela fait des années que les acteurs du secteur promettent qu’ils y mettront un terme, mais dans les faits, aucune interdiction n’a encore été adoptée. Il y a quelques années, le secteur européen de l'élevage porcin s'est réuni pour discuter de la problématique de la castration chirurgicale, avec le soutien de la Commission européenne. Il en est ressorti un texte d'intention, prévoyant la fin de la pratique pour le 1er janvier 2018. Appelée la « Déclaration de Bruxelles sur les alternatives à la castration chirurgicale des porcs », ce texte n'était cependant qu’un engagement volontaire, qui n’avait pas force de loi. Sans surprise, il n'est absolument pas respecté par l'ensemble de la filière.
Il existe pourtant deux alternatives viables contre la pratique cruelle de la castration chirurgicale : laisser les porcs entiers et détecter l’éventuelle odeur, ou bien employer un vaccin, qui prévient la croissance testiculaire des cochons. En 2009, ce vaccin a reçu le feu vert de la Commission européenne. En outre, beaucoup de chaînes de supermarchés ont déjà modifié leur politique d’achat, en n’achetant que de la viande de porcs qui n’ont pas subi la castration chirurgicale. Rien ne devrait donc obstruer une interdiction.