Mesdames et Messieurs,
En tant que ministre en charge du bien-être animal, c'est pour moi une joie d'être présente en cette après-midi de célébration d'un anniversaire peu commun, celui d'une association qui a gagné ses lettres de noblesse à force de courage mais surtout de persévérance et dont l'appellation, GAIA, est devenue au fil du temps à elle seule le symbole voire le synonyme de la défense des animaux.
20 ans, c'est un très bel âge, et cela signifie aussi toute une série d'accomplissements que le président de Gaia, Michel Vandenbosch, vous rappellera sans nul doute aujourd'hui.
C'est un long chemin parcouru qui coïncide, et ce n'est bien évidemment pas un hasard, avec l'évolution de la législation en matière de bien-être animal. Pour mieux l'apprécier, permettez-moi de revenir en arrière à une époque où l'animal n'était considéré que comme un moyen de production de denrées alimentaires, une chose à apprivoiser ou à dompter par crainte ou par défi, un objet au service de l'homme. Il acquiert néanmoins au fil du temps une reconnaissance en tant qu'être sensible nécessitant une protection propre et pour ce faire des protecteurs.
Au niveau national tant qu'international, la condition des animaux va faire progressivement l'objet de plus en plus d'attention de l'opinion publique et des décideurs politiques. Une des contributions les plus marquantes à l'avancée de la reconnaissance de l'animal en tant qu'être sensible viendra du Royaume-Uni dans les années 60 avec la définition des 5 libertés de l'animal, à savoir être épargné de la faim et de la soif, de la peur et de la détresse, de l'inconfort physique ou climatique, de la douleur et de la maladie et être libre d'exprimer des comportements naturels propres à son espèce.
En Belgique, il faudra attendre les années 80 et l'adoption de la loi du 14 août 1986 relative à la protection et au bien-être des animaux pour trouver une trace concrète de cette reconnaissance. Alors que partout ailleurs, on parle essentiellement de santé et de protection des animaux, le législateur belge de l'époque décidait d'accorder une importance particulière à leur bien-être en reconnaissant le fait qu'ils puissent éprouver de la douleur physique, mais également de la souffrance psychologique, telle que le stress et l'angoisse, due à leurs conditions de vie, que ce soit dans le cadre de leur détention, de leur transport ou de leur mise à mort.
S'il ne s'agit pas à proprement parler d'une ébauche de droit animal, cher à de nombreux partisans de la cause animale, la loi de 1986 comporte néanmoins un arsenal de mesures répressives en cas d'abus qui s'ajoutent aux sanctions prévues par le code pénal.
Depuis lors, les pouvoirs législatifs ainsi que les ministres successifs qui ont eu le bien-être animal sous leur compétence se sont efforcés d'amender le texte initial en vue d'améliorer les conditions de vie des animaux en se basant sur des critères scientifiques mais aussi éthiques. C'est le début de toute une série de mesures dans lesquelles Gaia a souvent joué un rôle important voire déterminant, je pense notamment aux courses de chevaux, aux marchés à bestiaux, aux animaux sauvages dans les cirques, aux commerces de chiens et de chats sans oublier la protection des phoques au niveau international.
La loi de 1986 a aussi permis de se doter de conseils consultatifs de référence tel que le Conseil du Bien-être des animaux et je profite de l'occasion pour saluer le travail remarquable accompli en son sein par ses membres, dont Michel Vandenbosch et Ann De Greef sont parmi les plus assidus et les plus écoutés.
Car, que serait la loi sur le bien-être animal sans les associations protectrices des animaux. Peu de législations peuvent se targuer d'avoir été inspirée, soutenue, mais parfois aussi combattue, que la loi de 1986 et je souhaite leur rendre aujourd'hui en ce lieu un vibrant hommage. Je pense en particulier à tous les bénévoles qui gravitent en leur sein dont je salue le combat déterminé mais toujours pacifique, critique mais néanmoins constructif, ludique aussi tout en restant éducatif, ce dernier point étant particulièrement mis à l'honneur par GAIA dont je félicite l'initiative de dispenser des formations dans les écoles. Il s'agit là d'une initiative moins connue du grand public mais tout aussi importante à mes yeux que ses campagnes d'information et de sensibilisation.
Grâce aux efforts de tous, l'animal a acquis ses lettres de noblesse dans la réglementation et son sort suscite de moins en moins d'indifférence de la part de l'opinion publique prompte à s'émouvoir pour des causes justes. Comme beaucoup, j'ai été particulièrement choquée par les actes gratuits de maltraitance et de négligence envers des animaux, qui doivent, selon moi, être punis avec la plus grande sévérité par la justice, ce que j'ai encore rappelé récemment lors d'une visite du refuge d'Animaux en péril que je sais très proche de votre association.
Il reste bien sûr de nombreux chantiers à finaliser, en vue de diminuer la souffrance animale au quotidien. Parmi ces nombreux projets, il y en a un qui me tient particulièrement à cœur mais aussi les protecteurs des animaux, c'est la question de la surpopulation des chats dans les refuges, qui se traduit chaque année par l'euthanasie massive d'animaux, souvent en bonne santé.
Grâce au travail notamment des associations de protection des animaux, le Conseil du bien-être des animaux a pu rendre un avis qui offre une solution durable à cette véritable problématique. Dès que j'en ai pris connaissance, je m'étais engagée à le mettre en œuvre et à élaborer un plan pluriannuel de stérilisation des chats. Je sais que ce plan était attendu avec impatience par GAIA et c'est pourquoi je tenais à pouvoir annoncer en ce jour que la mesure a bien été entérinée par le Conseil des Ministres.
Concrètement, à partir du 1er septembre de cette année, les chats qui sont proposés à l'adoption seront obligatoirement stérilisés et identifiés. En 2014, plus aucun chat ne pourra être commercialisé ou cédé sans être obligatoirement stérilisé et identifié. Je sais que beaucoup d'entre vous espéraient voir déjà entérinée la troisième phase du plan avec une obligation de stérilisation pour tous les chats dès 2016 mais le gouvernement a souhaité au préalable évaluer la situation tant au niveau du bien-être des animaux que d'un point de vue santé publique. Il va de soi que je plaiderais avec force pour que le plan pluriannuel donne pleinement tous ses effets conformément au souhait des membres du Conseil du bien-être des animaux et je sais que je peux compter sur votre soutien pour agir en ce sens.
Permettez-moi avant de conclure d'encore féliciter de tout cœur l'association Gaia, en lui souhaitant de relever de nombreux défis à l'avenir et ce bien sûr toujours en bonne collaboration avec les pouvoirs publics. A travers cet anniversaire, je souhaite aussi féliciter toutes les associations de protection animale dont de nombreuses sont présentes en ce jour, dont je connais et apprécie le dévouement au quotidien pour la protection des animaux. Il me reste encore à remettre un prix spécial, la patte d'or, à quelqu'un que j'estime beaucoup et avec qui je partage ce souci quotidien de défendre les plus faibles et les sans-voix de notre société, ce qui l'a amené tout naturellement à également agir en faveur de la défense des animaux.
LAURETTE ONKELINX
Ministre fédérale du Bien-être Animal