« Pas de cruautés extrêmes mais de nombreuses lacunes, de la souffrance animale inutile, des infractions à la loi et un manque de contrôle vétérinaire ! »
Au cours de l'été 2000, GAIA et Animaux en Péril réalisaient une enquête en caméra cachée révélant des faits graves de maltraitance animale qui avaient cours sur les marchés aux bestiaux d'Anderlecht et de Ciney. Les images, mises au jour le 16 novembre 2000, provoquèrent une tempête d'indignation en Belgique et à l'étranger. Exactement 20 ans plus tard, GAIA publie une nouvelle vidéo, montrant la situation actuelle sur les trois derniers marchés aux bestiaux du pays telle que les investigateurs de l’association de défense des animaux l’ont constaté lors de leurs visites aux marchés de Ciney, de Battice et de Rekkem[1]. « Fort heureusement, on ne peut plus vraiment parler de violence extrême envers les animaux », commente le président de GAIA, Michel Vandenbosch. « Mais hélas, nous avons à nouveau constaté un trop grand nombre d'infractions, notamment au règlement européen sur le transport : pas d'accès à l'eau, des animaux qui dérapent et tombent au sol, des bovins qui sont inutilement frappés à coups de bâton sur des parties sensibles du corps, d'autres qui reçoivent sans raison des coups de pied, des animaux souffrant de boiteries, des vaches présentant des cornes cassées, etc. » GAIA demande la fermeture, au moins de manière graduelle, moyennant une période transitoire jusqu’à la date butoir à convenir, de ces derniers marchés aux bestiaux, qui s'avèrent aujourd'hui superflus. L’association réclame aussi un renforcement des contrôles (vétérinaires) des autorités compétentes, trop peu efficaces ou même absents aujourd’hui, qui doivent impérativement s’étendre pendant cette période de fermeture progressive.
Beaucoup de personnes se souviennent encore des terribles images que GAIA et Animaux en Péril avaient révélées en 2000 : celles d'animaux complètement épuisés et moribonds, soumis à une maltraitance systématique sur les marchés aux bestiaux d'Anderlecht et de Ciney. Les vidéos montraient des bovins frappés avec une violence inouïe, des animaux exténués qui tenaient à peine debout – voire écroulés au sol – qui recevaient encore des chocs électriques, des taureaux mugissant de douleur que les maquignons, pendant des minutes entières, continuaient de battre de toutes leurs forces... « À cette époque, la cruauté, la violence et même le sadisme étaient systématiques envers les animaux », explique le président de GAIA. « Les marchés aux bestiaux étaient l'enfer sur terre pour les animaux qui y étaient amenés. Même les enfants s'adonnaient à la violence, par mimétisme avec la cruauté des adultes. »
Et en 2020 ?
En 2000, neuf marchés aux bestiaux étaient encore en activité dans notre pays. Vingt ans plus tard, il n'en reste que trois. En septembre 2020, GAIA a réalisé une nouvelle enquête en caméra cachée sur ces trois marchés – de Battice, Ciney et Rekkem – pour évaluer la situation « 20 ans plus tard ». « Nous avons clairement constaté une amélioration », explique Michel Vandenbosch. « Mais il subsiste énormément de dysfonctionnements en matière de bien-être des animaux. Nous avons relevé les mêmes problèmes sur les trois marchés. Nous avons ainsi vu plusieurs animaux présentant des cornes abîmées et ensanglantées, un jeune veau qui boitait d'une patte, un animal souffrant d'une bursite grave, des animaux aux sabots non soignés, qui n'ont pas accès à l'eau, attachés par une corde trop courte qui les empêche de se reposer, des vaches laitières émaciées, etc. Souvent, les animaux sont également battus de façon complètement inutile. Par ailleurs, nous n'avons pas constaté la présence d'inspecteurs vétérinaires chargés d'effectuer des contrôles, ni de soins apportés aux animaux blessés. »
Infractions au règlement européen sur le transport des animaux
Le règlement européen sur le transport d'animaux vivants doit être respecté par toutes les personnes qui soumettent des animaux à un voyage, y compris les maquignons qui travaillent sur les marchés aux bestiaux. Les images tournées témoignent de violations de ce règlement. Il est par exemple interdit de frapper et de donner des coups de pied aux animaux, ainsi que d'utiliser des bâtons à des endroits sensibles du corps. Les animaux doivent également toujours avoir un accès suffisant à l'eau et ne peuvent pas être attachés à une corde trop courte. “Nous avons aussi constaté la présence de bovins en mauvais état, recevant aucun soin, qui étaient manifestement inapte au transport, et qui n’auraient jamais dû s’y trouver.
Depuis plusieurs années, l'AFSCA constate également des manquements sur le marché aux bestiaux de Ciney. En février de cette année, le journal Le Soir écrivait dans un article intitulé « Le plus grand marché aux bestiaux du pays menacé de fermeture » que « l’AFSCA met en demeure le Marché couvert de Ciney, structure publique, de se mettre en conformité vis-à-vis des normes de traçabilité [...] et lui laisse jusqu'au 30 avril pour régulariser la situation. Faute de quoi, l'infrastructure sera fermée. »
Folklore
Si la situation s'est clairement améliorée depuis 20 ans, il subsiste de trop nombreuses atteintes au bien-être des animaux. L'enquête de GAIA en apporte les preuves. L'association de défense des animaux n'a pas constaté la présence d'une autorité de contrôle sur les marchés ; et si contrôle il y a, il est manifestement insuffisant et inefficace. « Nous demandons donc la suppression des trois derniers marchés aux bestiaux, ou du moins leur fermeture progressive », indique Michel Vandenbosch. « Ils n'ont pas de réelle utilité, sinon pour le folklore. Devenus superflus, ce sont des pratiques archaiques, appartenant à une autre époque.» En outre, leur fermeture s'inscrit dans une logique de circuits courts : il est évident que le transport des animaux de la ferme à l'abattoir, sans étape intermédiaire, permet de réduire le risque de souffrance animale. « Les marchés sont une étape intermédiaire qui doit disparaître. On éviterait en outre le risque de propagation de maladies (due au fait que plusieurs centaines d’animaux voire même plus, venant de différents endroits, de différents élevage, se trouvent serrés les uns contre les autres pendant de longues heures). En remplacement, il est possible de passer par des systèmes d'enchères de bétail en ligne, comme cela se fait déjà en Suède. »