Les organisations agricoles Boerenbond et FWA et l'organisation des droits des animaux GAIA ont, au sein du Conseil pour la protection des animaux, élaboré en commun une feuille de route qui réformera en profondeur l'élevage des lapins. Les organisations concernées ont convenu que l'avenir de l'élevage des lapins n'est pas dans des cages, mais dans l'alternative respectueuse des animaux que sont les systèmes de parcs mieux en lien avec le comportement naturel des animaux. De supplémentaires recherches et expériences pratiques initieront la réalisation.
Le système des parcs : une alternative respectueuse des animaux
Il vit actuellement en Belgique, un demi-million de lapins de chair. Ni en Belgique ni au niveau européen il n'existe une législation sur le logement des lapins. Dans le giron du Conseil fédéral du bien-être animal, ces derniers mois une feuille de route a été mise au point pour améliorer le logement des lapins. L'intention est de, sous réserve de résultats favorables des recherches en cours, passer des systèmes de cages (enrichies) au système de parcs. Cette feuille de route est écrite dans un avis du Conseil pour la protection des animaux. Le Conseil demande à la Ministre Onkelinx de transcrire cet avis dans un texte juridique.
La feuille de route sera certainement bénéfique au bien-être animal. Alors que dans l'instant, s'ils sont gardés en cages non-enrichies, les lapins disposent de 3.000 à 4.500 cm2, l'espace disponible sera sensiblement élargi dans le système de parc, à deux mètres carrés. Les parcs sont par ailleurs équipés de cachettes et de plates-formes, de sorte que les lapins ne sont plus limités en hauteur. En outre, les animaux disposent de bois, paille, foin ou autre matériau à ronger. Les fonds en treillis métallique seront autant que possible, remplacés par des grilles en plastique plus respectueuses des animaux, ou recouverts de tapis de confort, ce qui améliore le bien-être des lapins. La garantie de l'hygiène est aussi importante pour le bien-être animal.
Feuille de route
La mise en œuvre d'une telle réforme radicale de l'élevage des lapins demande du temps. Aussi, au sein du Conseil pour la protection des animaux, dans lequel siègent entre autres les organisations pertinentes, une feuille de route a été préparée. Ce plan devrait rendre possible la transition graduelle vers des systèmes de parcs. La feuille de route est constamment conditionnée aux nouvelles connaissances issues des recherches scientifiques et de la pratique.
Au 1er janvier 2013, les logements existants devront être munis entre autres, de matériau à ronger et de zones de confort sur le plancher. La nouvelle construction et les rénovations d'étables pour les lapins à l'engraissement, à partir de cette date, devront être conçues en systèmes de parcs.
A partir du 1er janvier 2016, tous les lapins en engraissement devront être gardés dans les systèmes de parcs, sauf chez les éleveurs de lapins qui ont déjà investi dans des cages aménagées. Ceux-ci devront changer l'équipement au plus tard le 1er janvier 2025. Aussi les éleveurs de lapins qui vont cesser leur activité avant 2020 obtiendront une dérogation.
Pour les lapines mères, elles pourront encore être, à cette date, dans les cages, mais si la recherche confirme des résultats suffisamment favorables, les mères devront aussi être gardées à partir du 1er janvier 2021 en systèmes de parcs. Pour la transition des lapines mères dans des parcs, davantage de recherches sont nécessaires car il n'y a pas encore d'exemples pratiques, alors que les lapins de chair sont déjà maintenant gardés à une échelle limitée dans les systèmes de parcs. Enfin, uniquement pour les producteurs qui ont investi avant 2016 dans des cages enrichies pour les mères, la date limite est ultérieure : ils devront au plus tard le 1er janvier 2025 passer en systèmes de parcs pour les mères.
Recherche
Le lapin est un secteur relativement petit en Belgique. Cela signifie que, en comparaison avec d'autres secteurs, il y a peu de moyens pour la recherche. Pourtant, le secteur et les gouvernements flamand, wallon (et aussi les Pays-Bas) ont investi ces dernières années, dans la recherche sur le logement des lapins ; en se concentrant sur le confort et la propreté, deux facteurs qui déterminent le bien-être. Ce qui a résulté en un ajustement continu du logement des lapins et qui a été considéré dans la base de cette feuille de route. Aussi, les actions de revendication de GAIA dans le passé ont mené à la mise en place de consultations et à l'établissement d'un groupe de travail au sein du Conseil pour la protection des animaux. Tout cela a aidé à conduire à l'automne 2011, l'Institut pour l'Agriculture et de la Pêche (ILVO) – Melle, à démarrer rapidement une recherche supplémentaire. Les résultats de cette recherche, financée par le Ministère de la Santé, seront intégrés dans les étapes de la feuille de route ci-dessus. Surtout dans le domaine du développement de systèmes de parcs pour les mères, l'ILVO jouera un rôle crucial. Aussi, la Wallonie entreprend dans la recherche ; un élevage de lapins y a été agréé comme centre de référence et d'expérimentation pour étudier le système de parcs en conditions de production commerciale.
Outre la recherche, il est prévu que l'expérience pratique constituera une information. GAIA s'engage à n'entreprendre aucune campagne contre l'élevage de lapins tant que chacun respecte les accords conclus.
Rôle de la distribution et des consommateurs
Important dans ce plan est que la distribution prend ses responsabilités. Seulement 20% de la viande de lapin vendue ici est d'origine belge. Le système de parc est une forme coûteuse de logement, qui devrait également se traduire par un prix plus élevé dans le magasin. Le secteur demande à la distribution de veiller à ce que la viande de lapin belge ne soit pas supplantée par la viande étrangère à meilleur marché. Le bien-être animal doit être traduit dans le prix. La distribution et les consommateurs jouent un rôle décisif dans la réussite de la transition. De rares systèmes de parcs sont déjà présents en Belgique. Les Chaînes de supermarchés Delhaize, Colruyt et Lidl ont déjà pris une partie de leur viande de lapin chez des fournisseurs où un tel système est utilisé. Maintenant, il y a un accord entre le secteur et GAIA, pour un appel à tous les Supermarchés pour un passage complet à terme de l'offre vers les systèmes de parcs.
Une coopération constructive
"Je crois fermement dans ce plan et dans la mise en œuvre du système de parcs dans nos élevages belges de lapins", souligne le professeur Ronny Geers, président du groupe de travail lapins. "Au sein du groupe, toutes les parties concernées (organisations agricoles, organisations de protection des animaux, vétérinaires, abattoirs, distribution, recherche et gouvernement), ont mis leur soutien au plan. Il y avait dans ce groupe le souci de l'écoute de l'autre. Il s'agit d'une condition importante de succès" dit encore le Professeur Geers, qui tient à remercier tout le monde pour la coopération constructive qui a conduit à l'élaboration d'un accord viable.
"Cette feuille de route est le résultat d'un dialogue constructif", explique Michel Vandenbosch, président de GAIA. " Il est la voie à une vie meilleure pour les lapins de chair. "
Piet Vanthemsche du Boerenbond et Ana Granados de la FWA ajoutent : "cette conversion est un grand défi pour nos éleveurs de lapins. Ensemble avec le bien-être des animaux, la rentabilité et notre positon de concurrence sont très important. C'est pourquoi il est nécessaire que toute la chaine soutienne ce plan : du producteur au consommateur."