Mise à jour le 22 octobre 2024
Dans le cadre d'une tournée européenne, les représentants autochtones ont été reçus par les parlementaires bruxellois et flamands, où ils ont plaidé, avec GAIA, pour l’interdiction de la commercialisation des produits dérivés de la chasse aux kangourous.
Suite à cette rencontre, la délégation espère que les députés entameront le travail parlementaire et envisageront une proposition de loi visant à interdire la commercialisation des produits issus de la chasse aux kangourous à Bruxelles et en Flandre. GAIA regrette cependant que la Commission bien-être animal du Parlement wallon n'ait pas donné suite à la demande de la délégation pour être entendue.
Lorsqu’on évoque l’Australie, l’une des premières images qui nous vient en tête est certainement celle du kangourou. Dans nos pays, on pense communément que les Australiens vouent un amour et un respect profonds envers leur animal-mascotte. Mais la réalité est toute autre : les kangourous font l’objet en Australie d’un massacre cruel et à très grande échelle.
En l’espace d’une trentaine d’années, plus de 90 millions de ces marsupiaux ont été abattus. Le kangourou a le malheur d’être l’espèce animale la plus chassée au monde.
La Belgique est le premier importateur mondial de viande de kangourou pour la consommation humaine et joue donc un rôle clé dans sa chasse commerciale. GAIA demande aux autorités belges une mesure claire : la fin de l’importation et de la vente de viande de kangourou. Sur le modèle de l’interdiction du commerce de produits issus de la chasse aux phoques, GAIA veut que la Belgique interdise le commerce de viande de kangourou.
Massacre à grande échelle
Officiellement, la législation australienne accorde aujourd’hui aux kangourous le statut d’animal protégé. Mais on aurait tort de penser que dans les faits, ce cadre législatif mette la mascotte nationale à l’abri de toute cruauté. Car dans le même temps, le gouvernement australien autorise la chasse commerciale de plusieurs millions de kangourous chaque année. En 2018, le quota de chasse autorisé atteignait les 6,9 millions d’individus (les chiffres d’abattage réels tournent autour de 1,6 million par an). Ce nombre est établi suite un recensement approximatif des populations de kangourous par les autorités, dont le point de vue est que cet animal est en surnombre. Pour 2020, malgré les feux de brousse qui ont ravagé la faune et la flore du pays, le gouvernement australien autorise un quota de chasse de 6 millions de kangourous.
Les chasseurs sont normalement tenus d’abattre les kangourous d’un tir mortel à la tête. Mais la chasse a lieu la nuit, à grande distance, sur des cibles mouvantes. Les tirs non mortels sont inévitables. Les tirs au corps provoquent des terribles souffrances pour les kangourous. Les animaux blessés parviennent parfois à s’enfuir, et sont alors condamnés à une longue agonie. Pire : les tirs atteignant la tête ne provoquent pas forcément la mort directe des kangourous non plus. Les balles peuvent atteindre la gorge, la mâchoire, le nez ou les oreilles.
Joeys
La chasse au kangourou n’entraîne pas que des souffrances pour les animaux adultes. Elle est également la source d’une cruauté inouïe pour les jeunes (qu’on appelle les joeys), considérés comme les « dommages collatéraux » de l’industrie. Il est estimé que chaque année entre 2000 et 2009, 800 000 très jeunes joeys (encore dans la poche de leur mère) et 300 000 moins jeunes (à même de se déplacer) ont été soit massacrés, soit abandonnés à une mort certaine dans le cadre de la chasse commerciale. Cela signifie qu’en l’espace de dix ans, 11 millions de joeys ont trouvé la mort dans ces circonstances brutales.
Lorsqu’ils ne sont pas abandonnés à leur agonie, les joeys sont abattus en leur cognant violemment le crâne (qui est balancé contre le pare-chocs métallique du véhicule du chasseur, ou à l’aide d’une barre métallique), voire par décapitation pour les bébés joeys qui sont encore dans la poche de leur mère. Ces méthodes brutales de mise à mort sont parfaitement autorisées.
Face aux protestations de l’opinion publique à l’égard du massacre des joeys, l’industrie de la viande de kangourou a annoncé qu’elle s’engageait à n’abattre que des mâles adultes. Les observations de terrain et la logique indiquent que cette résolution est de la poudre aux yeux : à grande distance et dans le noir, la confusion entre les mâles et les femelles est inévitable, et aucun contrôle officiel n’est de toute façon réalisé pour vérifier le bon-vouloir des chasseurs. Des femelles et donc des jeunes sont toujours tués en masse. Et même si cette règle était respectée, elle engendrerait une perturbation des cycles naturels de reproduction.
La part de la Belgique
Les statistiques sont aussi surprenantes que préoccupantes : la Belgique est le premier importateur mondial de viande de kangourou pour la consommation humaine. A elle seule, la Belgique représentait 27 % de l’exportation de cette viande depuis l’Australie en 2016. En chiffres bruts, cela signifie que notre pays a importé plus de 632 tonnes de viande de kangourou en un an. Cela représente 180.000 kangourous, si l’on compte une valeur moyenne de 3,5 kg de viande par animal. Le montant financier généré par ces importations en 2016 s’élève à plus de 4.300.000 dollars australiens, soit environ 2.700.000 euros.
La grande distribution belge s’est donc engouffrée dans cette opportunité commerciale, en proposant du kangourou dans les sections « viande exotique » et/ou « gibier ». Concrètement, jusqu'en janvier 2020, on pouvait trouver de la viande de kangourou chez Cora, Match et Spar (Colruyt Group). Certaines enseignes n’en proposent pas en continu toute l’année. Il est important de noter qu’à l’inverse, Aldi Belgique a pris l’engagement clair et public de ne pas proposer de viande de kangourou dans ses rayons, « afin de respecter certains aspects du bien-être animal ». Suite au lancement de la campagne de GAIA, Delhaize a pris la décision de ne plus commercialiser de viande de kangourou en 2019. Après une opération expresse orchestrée par GAIA, en janvier 2020, Carrefour Belgique, Cora, Makro, Match et Spar ont également mis un terme à la vente de viande de kangourous. Par ailleurs, Lidl et Colruyt avaient déjà décidé de cesser également la vente de viande de kangourou.
Plusieurs groupes commerciaux tirent les rênes des importations de viande de kangourou dans notre pays : Deli-Ostrich, Foodmark21, Raverco… Comme nous l’avons vu, une partie de cette viande est revendue à des supermarchés en Belgique, tandis que la part restante est vraisemblablement réexportée vers d’autres pays européens. A notre connaissance, il n’existe pas de chiffres officiels permettant de connaître la répartition consommation intérieure/réexportation.
Un danger pour la santé publique
Depuis des années, de nombreuses analyses ont révélé la présence dans la viande de kangourou d’E. coli et de salmonelle. Devant ces résultats accablants, la Russie (anciennement le premier importateur mondial) a décidé en 2014 de fermer complètement ses frontières à l’importation de viande de kangourou. Mais l’industrie a trouvé une parade pour éviter de perdre des importantes parts de marché : elle nettoie de manière routinière la viande de kangourou avec de l’acide acétique et de l’acide lactique dans le but d’enlever les traces de ces contaminations systématiques.
Afin de savoir si la viande de kangourou vendue en Belgique est également concernée par ces découvertes, GAIA a fait analyser des steaks vendus chez Delhaize et Carrefour. Début janvier, neuf échantillons ont été apportés dans un laboratoire spécialisé dans des analyses alimentaires. Conclusion : « Au vu de nos résultats obtenus, nous suspectons un ajout d’acide lactique. »
Par le passé, des analyses aux Pays-Bas et en Allemagne ont déjà permis de détecter une utilisation par l’industrie d’acide lactique pour traiter la viande de kangourou. En outre, l’abattage et le transport des kangourous sont réalisés sans aucune mesure d’hygiène, et la contamination par des bactéries pathogènes est inévitable – comme cela a été démontré lors de tests en Australie. Pour GAIA, le recours à l’acide lactique est donc une évidence.
Le problème est que cette utilisation routinière d’acide lactique sur de la viande fraiche de kangourou n’est pas autorisée dans l'Union européenne. Mettant, d’emblée, cette pratique hors-la-loi. Suite à une requête de l’Australie, la Commission européenne a demandé à l’EFSA (Agence européenne de sécurité des Aliments) une opinion scientifique sur l’efficacité et la dangerosité de cette utilisation sur la viande de kangourou. Alors que les résultats ne sont pas encore connus, la viande de kangourou continue d’inonder le marché européen…
Que demande GAIA ?
En tant que premier importateur mondial de viande de kangourou, la Belgique ne peut ignorer la terrible réalité qui se cache dans les coulisses de cette industrie. La responsabilité principale est dans le camp de la grande distribution : GAIA demande que les supermarchés belges s’engagent fermement à enlever définitivement la viande de kangourou de leurs rayons. Aldi montre le bon exemple, puisque l’entreprise s’est publiquement engagée il y a plusieurs années à ne plus vendre cette viande. Très récemment, Colruyt et Lidl ont également décidé d’en faire de même. Enfin, suite au lancement de cette campagne, Delhaize a décidé de ne plus vendre de viande de kangourou. Carrefour Belgique a pris la même décision en janvier 2020. Suivi par Makro, Cora et Spar (Lambrechts). Après une intense campagne de GAIA, les chaînes de supermarché Match et Spar (Colruyt Group) ont également décidé d’abandonner la vente de viande de kangourou en Belgique. Plus que jamais, GAIA réclame auprès des autorités belges l’interdiction du commerce de viande de kangourous.