L’UE broie ou gaze chaque année des centaines de millions de poussins et de canetons.
GAIA et 20 autres ONG de 15 pays de l’UE se mobilisent pour demander une interdiction de cette pratique
Bruxelles, le 3 juin 2022. Dans une lettre ouverte adressée aux ministres de l’agriculture des 27 Etats membres, réunis au Conseil de l’Union Européenne, 21 ONG européennes s’associent pour exiger une interdiction de la mise à mort des poussins et des canetons (autorisée actuellement par broyage ou gazage). Une interdiction soutenue par 67% des Belges interrogés lors d’un récent sondage réalisé par YouGov.
Pour chaque poule pondeuse élevée dans l’Union Européenne afin de produire des œufs, un poussin mâle, jugé inutile par la filière, aura été broyé ou gazé. Chaque année, ce sont ainsi 330 millions de poussins qui subissent ce sort : triés par des ouvriers juste après leur naissance, les poussins femelles sont envoyés dans les élevages, et les poussins mâles sont tués. Les canetons femelles subissent le même sort : du fait d’un foie plus innervé pour les canes, l’industrie du foie gras ne gave que les canards mâles et destine des dizaines de millions de canetons femelles à la broyeuse.
Cette élimination d’individus très jeunes, à une si grande échelle, est un tabou de la production, et les images sont aussi rares que choquantes. Le broyage et le gazage sont les deux méthodes d’élimination autorisées en Union Européenne, certains pays utilisant davantage l’une ou l’autre des méthodes.Les citoyens peuvent demander un arrêt au broyage ou au gazage des poussins en Europe en se rendant sur www.stopgrindingandgassing.eu
Des images d’enquêtes ont déjà incité des gouvernements à interdire cette pratique
Suite à la diffusion d’images de la mise à mort des poussins, le gouvernement français s’est engagé en 2015 à soutenir le développement de technologies de détection du sexe des poussins avant l’éclosion (méthodes dites de “sexage in ovo”). En France, les couvoirs ont jusqu’à fin 2022 pour s’équiper en dispositifs de détection. En Allemagne, le broyage et le gazage sont interdits depuis le 1er janvier 2022. En Wallonie, le broyage des poussins est interdit depuis 2021, le gazage est, quant à lui, toujours autorisé.
Les distributeurs belges suivent le mouvement, vers plus de respect des animauxAfin d’éviter le broyage ou le gazage des poussins, Bio-Planet utilise la technique du sexage in ovo. Les œufs qui auraient produit des poussins mâles sont retirés du circuit de production et transformés en nourriture pour animaux. Depuis septembre 2021, Bio-Planet est le premier distributeur belge à proposer des œufs belges issus d’une production sans poussins d’un jour. Colruyt Group ouvre ainsi la voie aux autres marques. Les magasins Spar ont depuis déjà rejoint l’aventure.Volonté des citoyens, alternatives existantes, distributeurs réceptifs… Mettre fin au niveau européen au broyage et au gazage des poussins est donc possible !
La révision : une opportunité d’interdire cette pratique au niveau européen
L’Union Européenne révise actuellement sa législation sur « le bien-être animal ». Cette révision est cruciale. La Commission européenne, qui est chargée de proposer un nouveau texte de loi en 2023, envisage actuellement la possibilité d'interdire l'élimination des poussins à l'échelle de toute l'UE. La Commissaire en charge du dossier, Stella Kyriakides, a annoncé que “l’élimination d’un grand nombre de poussins d’un jour pose, bien sûr, un problème éthique".
Des propos soutenus par les résultats de la consultation menée par la Commission à ce sujet : 94% des presque 60.000 répondants se sont prononcés en faveur d’une interdiction de cette pratique.
S’il revient à la Commission de proposer la future législation qui encadrera les pratiques d’élevage, il est crucial que les membres du Conseil de l’UE, composé des 27 ministres de l’Agriculture des Etats membres, soutiennent les réformes proposées par la Commission, pour qu’elles aient une chance d'être adoptées.
C’est pourquoi 21 associations de défense des animaux, demandent aux ministres de l’Agriculture et du Bien-être animal des Etats membres de l’UE de soutenir le mouvement impulsé par la France et l’Allemagne en demandant que l’interdiction du broyage ET du gazage des poussins soit étendue à toute l’UE et que cette interdiction porte aussi sur les canetons, injustement oubliés.
Ann De Greef, directrice de GAIA : « Cette pratique fondamentalement cruelle, motivée par des motifs purement économiques, constitue un des exemples les plus terribles de la logique inhumaine de l'élevage intensif. Combien de Belges se doutent, en achetant une boîte d’œufs, que l’industrie qui a produit ces œufs broie ou gaze les poussins mâles par millions chaque année car ils ne sont pas jugés rentables ? Les citoyens doivent se rendre compte de cette réalité. Il est impératif que la Belgique ainsi que l’UE interdisent ces pratiques sur leurs territoires respectifs. »