GAIA salue un « compromis honorable »
Un projet d'arrêté relatif au bien-être des dindes dans les élevages a été adopté par le gouvernement wallon. Son contenu a été élaboré au sein du Conseil Wallon du Bien-être animal par un groupe de travail composé d’experts scientifiques spécialisés dans l'élevage de volailles, des représentants du secteur agricole ainsi que des associations de protection des animaux. Les conditions précises pour les élevages de dindes sont donc fixées pour la Wallonie. L’association de défense des animaux GAIA, membre de ce même Conseil, qualifie la nouvelle loi de « compromis honorable ».
Densité et vitesse de croissance
La nouvelle législation tient compte aussi bien de critères visant à améliorer le bien-être des oiseaux qu’à des critères de production en essayant de faire valoir au mieux les deux approches. Deux éléments sont cruciaux : les densités (qui sont limitées et ont été réduites à 30 kg/m² pour les femelles et 36 kg/m² pour les mâles) et la vitesse de croissance. Les races de dindes à croissance rapide grandissent si vite que beaucoup souffrent de boiterie. Elles s’entrepiquent, provoquant ainsi de graves blessures et de profondes plaies ensanglantées. Elles meurent de faim et de soif car elles ne peuvent plus atteindre l'abreuvoir et la mangeoire. Les oiseaux sont également incapables de nettoyer leur plumage, un besoin vital.
Les élevages de plus de 200 dindes devront désormais disposer d'un accès à un jardin d'hiver ou à un parcours extérieur. Les caillebotis et l'épointage (le fait de casser la pointe) de bec pour les dindons seront quant à eux interdits. Les éleveurs devront par ailleurs suivre une formation théorique et pratique minimale et le suivi des animaux sera obligatoire.
Ann De Greef, Directrice de GAIA et membre du groupe qui s’est penché sur la question, l’instauration des normes était une nécessité : « Il n’y avait aucune norme spécifique pour cadrer l’élevage des dindes. C’est maintenant chose faite, et nous estimons, après plusieurs mois de discussions, qu’il s’agit d’un compromis honorable en matière de taux de densité et de vitesse de croissance des animaux. Bref, nous sommes assez satisfaits du résultat obtenu. »
Exemple à suivre
GAIA espère que cette décision d’instaurer des normes trouvera son prolongement en Flandre où l’association de défense des animaux réclame également des normes légales. Ainsi, les densités maximales doivent permettre des conditions de vie bien meilleures en comparaison avec la situation actuelle, et cela afin d’éviter les dérives que GAIA a découvertes dans des élevages intensifs de dindes en Flandre. À la fin de l’année dernière, GAIA avait en effet dévoilé, images terrifiantes à l’appui, les conditions de vie épouvantables dans différents élevages intensifs de dindes : des milliers de dindes entassées, gravement affaiblies, estropiées, blessées et agonisantes. Et même des cadavres en état de décomposition avancée. La raison ? L’absence de législation et de normes de bien-être animal pour les élevages de dindes.
Ann De Greef : « La barre a été placée haut pour la Wallonie. Mais nous ne pouvions pas nous contenter de normes minimales composées de changements cosmétiques. La Flandre doit s’en inspirer et les transposer dans la législation. D’urgence. »