L'abattage sans étourdissement n'a lieu que pendant la fête du sacrifice, la viande halal ne provient que d'animaux abattus sans étourdissement, tous les musulmans sont contre l'étourdissement lors de l'abattage... Beaucoup de mythes concernant l'abattage (rituel) sans étourdissement ont la peau dure. GAIA souhaite donc déboulonner les dix fausses vérités les plus courantes. « Et insister sur le fait qu'il s'agit pour nous d'un problème de souffrance animale, pas de religion », expliquent en chœur Ann De Greef et Michel Vandenbosch, la directrice et le président de GAIA.
Hystérie halal, islamophobie, Hitler, racisme... A l'approche de la fête musulmane du sacrifice, qui a lieu fin septembre, le débat s'éloigne parfois à mille lieues de l'essentiel : la souffrance des animaux. Le fait est que l'abattage sans étourdissement provoque chez les animaux une douleur intense et prolongée, qui peut durer dans certains cas jusqu'à 12 minutes (pour les bovins). Cette méthode contrevient à l'obligation légale de prévenir toute souffrance au moment de la mise à mort d'un animal.
Manœuvres d'influence
GAIA regrette que le nœud du problème – cette souffrance animale évitable – soit toujours plus relégué à l'arrière-plan. Au profit de discussions technico-religieuses, de jeux politiques, de manœuvres d'influence... « Résultat, une grande partie de la population belge, musulmans y compris, reçoivent de fausses informations à propos de l'abattage rituel sans étourdissement », déplore Ann De Greef, la directrice de GAIA. « Certaines parties prenantes ont sans doute des intérêts en jeu, mais nous avons décidé de mettre les points sur les "i", pour mettre un terme à cet éternel débat. »
GAIA plaide pour un étourdissement obligatoire des animaux avant chaque abattage, toute l'année et dans les abattoirs agréés également. « Pour y parvenir, il est important que tout le monde ait d'abord bien connaissance des faits concernant l'abattage sans étourdissement, dans un contexte musulman ou juif orthodoxe », conclut Michel Vandenbosch.
MYTHE 1 : l’abattage sans étourdissement n’a lieu que pendant la fête du sacrifice
Faux. En Belgique, de plus en plus d’animaux subissent ce sort tout au long de l’année, y compris dans des abattoirs agréés.
Ce phénomène est lié à un marché halal en plein essor dans notre pays, ainsi qu’à l’augmentation des exportations de viande
halal. En effet, pour qu’une plus grande quantité de viande réponde aux exigences de la consommation halal sur le marché,
de plus en plus d’animaux sont abattus sans étourdissement, pour plus de commodité. La viande issue de ce type d’abattage
arrive donc dans l’assiette du consommateur lambda par le biais des circuits de distribution classiques.
En Belgique, pas moins de 92 % des moutons, 21 % des veaux et 10 % des bœufs ont été égorgés sans étourdissement en
2006, ce qui représente 250 000 bêtes par an. Il est probable que le nombre d’animaux abattus de cette manière continue
d’augmenter à mesure que la croissance du marché halal se poursuit.
Conclusion : GAIA lutte pour une obligation généralisée de l’étourdissement avant l’abattage, et pas uniquement
à l’occasion de la fête du sacrifice.
MYTHE 2 : la loi stipule que l’abattage rituel sans étourdissement est autorisé partout et tout le temps
Faux. Depuis 1988, il est interdit de pratiquer l’abattage rituel chez soi dans notre pays. Cette pratique est uniquement
autorisée dans les abattoirs agréés. Toutefois, depuis 1995, la Belgique a toujours autorisé l’abattage rituel sans
étourdissement dans des abattoirs temporaires agréés afin de lutter contre les abattages clandestins.
Cependant, la Directive européenne de 2009 permet uniquement d’abattre des animaux sans étourdissement dans des
abattoirs agréés. L’abattage rituel sans étourdissement préalable sur des sites temporaires constitue donc une violation
de la législation européenne. Le ministre wallon du Bien-être animal, Carlo Di Antonio (cdH), s'est conformé à
la Directive européenne en interdisant ces pratiques dans des abattoirs temporaires en Wallonie dès 2015.
Conclusion : L’abattage rituel sans étourdissement n’est permis que dans des abattoirs agréés. L’abattage
rituel avec étourdissement peut également être pratiqué dans des abattoirs temporaires.
MYTHE 3 : l’abattage sans étourdissement est indolore pour l’animal
Même lorsque l’abattage rituel est pratiqué « dans les règles de l’art », il expose l’animal à une souffrance aigüe et prolongée, qui peut parfois durer jusqu’à 12 minutes. Ces faits contreviennent à l’obligation légale de prévenir toute douleur ou souffrance évitable au moment de la mise à mort. GAIA n’est évidemment pas seul à défendre ce point de vue. En 2004 déjà, l’Autorité européenne de sécurité des aliments avait noté dans un rapport sur le sujet : « En raison des graves problèmes de bien-être animal liés à l’abattage sans étourdissement, un étourdissement devrait toujours être réalisé avant l’égorgement. » On peut également lire dans ce rapport que l’abattage sans étourdissement va indéniablement de pair avec la souffrance animale, « aussi aiguisé le couteau soit-il ». L’Union Professionnelle des Vétérinares (UPV) et la Fédération des vétérinaires d’Europe (FVE), quant à elles, s’expriment comme suit : « La pratique de l’abattage des animaux sans étourdissement est inacceptable en toutes circonstances et les animaux devraient réellement être étourdis au préalable ». Enfin, le Conseil du bien-être animal en Belgique affirme : « L’abattage sans étourdissement est inacceptable et engendre une souffrance évitable pour l’animal. »
Conclusion : L’abattage sans étourdissement est toujours un acte douloureux pour l’animal, même lorsqu’il est
pratiqué « dans les règles de l’art ».
MYTHE 4 : il n’existe aucune alternative à l’abattage rituel sans étourdissement
En réalité si. L’électronarcose est un exemple de technique d’étourdissement indolore. Les moutons ou les bœufs reçoivent un choc électrique et deviennent ainsi instantanément insensibles à la douleur. Ils ne sont donc pas non plus conscients des convulsions que l’on observe immédiatement après le choc.
Si l’animal n’est pas abattu dans la minute et demie qui suit, il reprendra conscience. Cela prouve que les animaux étourdis par électronarcose sont en vie au moment de la mise à mort. Or, il s’agit d’une condition importante pour que les musulmans acceptent l’étourdissement et pour que la viande de moutons ayant subi cette pratique soit considérée comme halal.
Conclusion : La solution alternative s’appelle l’électronarcose : une technique d’étourdissement réversible
compatible avec les préceptes de l’islam et évitant toute souffrance à l’animal lors de l’égorgement.
MYTHE 5 : la viande halal provient toujours d’animaux abattus sans étourdissement
Faux. La Nouvelle-Zélande, par exemple, est le plus grand exportateur de viande halal. Pourtant, tous les animaux
abattus rituellement y sont d’abord étourdis par le biais de l’électronarcose (voir mythe 4). La viande provenant
d’animaux abattus de telle manière en Nouvelle-Zélande est clairement étiquetée et certifiée halal. Ces produits sont
notamment importés en Belgique, mais également dans des pays musulmans, et sont consommés par des musulmans.
Dans notre pays, la viande de poulet ou de lapin halal provient généralement d’animaux abattus avec étourdissement.
Toutefois, les musulmans de Belgique continuent à s’opposer à la viande halal issue de moutons ou de bœufs
ayant subi cette technique de l’électronarcose…
Conclusion : Le halal n’est absolument pas synonyme d’abattage sans étourdissement.
MYTHE 6 : tous les musulmans sont contre la mise à mort avec étourdissement
C’est faux. Une enquête d’opinion réalisée en 2010 par le bureau de sondage IPSOS à la demande de GAIA
révèle que plus de 50 % des musulmans belges ont une attitude positive ou neutre envers l’étourdissement des
animaux avant l’abattage. Et à l’échelon international : des pays musulmans tels que l’Indonésie, la Malaisie, les
Émirats arabes unis et la Jordanie autorisent l’importation et la consommation de viande provenant d’animaux
abattus avec étourdissement. Au Maroc, il y a de nouveau des abattoirs qui pratiquent cette technique.
Certaines fatwas voient même ce type d’abattage comme une possibilité, à l’instar de la fatwa de la Commission
égyptienne d’Al Azhar datant de 1978 (!) : « Si l’électronarcose ou tout autre moyen d’étourdissement permet la
saignée de l’animal tout en minimisant sa résistance pendant la saignée, et si l’électronarcose n’a pas d’effet sur
ses fonctions vitales (l’animal pourrait redevenir conscient si la saignée n’a pas lieu), alors il est permis de recourir
à l’électronarcose ou à tout autre procédé similaire d’étourdissement avant la saignée. La viande de l’animal
saigné de cette façon est halal.»
Conclusion : De nombreux musulmans (belges) sont ouverts à l’abattage rituel avec étourdissement. Il est
donc pour le moins étonnant que les autorités musulmanes continuent de s’y opposer.
MYTHE 7 : on utilise des médicaments pour pratiquer l’abattage avec étourdissement.
C’est faux. Sur la page Facebook de GAIA, on retrouve à maintes reprises la même préoccupation : on peut lire que
l’abattage avec étourdissement est pratiqué au moyen de valium ou d’autres médicaments, qui arrivent tout droit
dans notre assiette. Cette crainte est injustifiée : l’électronarcose – comme son nom l’indique – est une technique
d’endormissement pour l’abattage (rituel) fonctionnant uniquement grâce à l’électricité. La technique consiste à placer
des électrodes sur la tête de l’animal, qui reçoit un choc électrique provoquant une perte de conscience et le
rendant ainsi insensible à la douleur.
Conclusion : L'abattage (rituel) avec étourdissement a uniquement recours à des procédés mécaniques,
jamais médicamenteux. Ces derniers sont d’ailleurs interdits par la loi.
MYTHE 8 : la fête du sacrifice risque d’être chaotique.
Faux. Carlo Di Antonio (cdH), le ministre wallon du Bien-être animal, a annoncé en juillet 2015 qu’il voulait interdire l’abattage sans étourdissement dans les abattoirs temporaires dès la meême année. En outre, il se conforme ainsi à la législation européenne de 2009 qui stipule clairement que l’abattage rituel sans étourdissement est exclusivement autorisé sur les sites reconnus. Cela ne signifie pas pour autant que tous les abattoirs temporaires vont automatiquement disparaître. La directive européenne de 2009 autorise l’abattage rituel sur des sites temporaires pour la fête du sacrifice, à condition que les moutons soient étourdis avant d’être égorgés, pour épargner une souffrance inutile à l’animal. En d’autres termes : la fête du sacrifice ne rimera pas avec chaos en Wallonie. Les abattoirs temporaires pratiquant l’étourdissement pourront ouvrir leurs portes, et le scénario catastrophe prévoyant un problème de capacité dans les abattoirs reconnus ne se présentera donc pas.
Conclusion : L’application de la législation européenne en la matière ne sèmera absolument pas le chaos en Wallonie.
MYTHE 9 : l’abattage rituel avec étourdissement n’est autorisé nulle part
En réalité, si. Des pays musulmans tels que l’Indonésie, la Malaisie, les Émirats arabes unis et la Jordanie permettent
l’importation et la consommation de viande provenant d’animaux abattus avec étourdissement. Au Maroc,
certains abattoirs pratiquent également cette technique. En Suède, en Norvège, en Suisse, au Danemark, en
Slovénie ou encore en Islande, l’étourdissement est même une obligation. La Nouvelle-Zélande est le plus grand
exportateur de viande halal au monde, qui provient toujours d’animaux abattus avec électronarcose.
Conclusion : La saignée avec étourdissement est déjà une pratique courante dans de nombreux pays
(musulmans) et parfois il s’agit même de la seule technique autorisée pour abattre des animaux en vue
de leur consommation.
MYTHE 10 : GAIA veut interdire les traditions religieuses
Absolument pas. Comme l’explique Michel Vandenbosch, président de GAIA : « Tant que les gens
mangeront de la viande et que des animaux seront donc abattus – de manière rituelle ou non –, GAIA sera toujours
d’avis que l’abattage doit en toutes circonstances être précédé d’un étourdissement. L’électronarcose est un exemple
de procédé réversible tout à fait compatible avec les préceptes de l’islam. En d’autres termes, le bien-être des animaux
est toujours au cœur de nos priorités. »
Conclusion : Les campagnes de GAIA ne s’élèvent pas contre les traditions religieuses, mais bien contre la
souffrance animale qui en découle.