Les images de maltraitance sur poussins et de poulets souffrant en élevage ne sont que la « partie émergée de l'iceberg »
« La vidéo d'enquête dévoilée aujourd'hui par nos collègues d'Animal Rights et montrant des faits de maltraitance sur des poulets de chair dans un couvoir et élevage à Tielt (Flandre Occidentale) ne sont que la partie émergée de l'iceberg », dénonce Michel Vandenbosch, le président de GAIA. L'ensemble du système de production intensive de viande de poulet dans notre pays est, en réalité, une accumulation de souffrance animale à grande échelle. Cet élevage représente un véritable enfer pour les 260 millions de poulets de chair élevés dans notre pays. Ces animaux sont une souche sélectionnée pour sa croissance rapide, qui, lors des 42 jours passés dans un bâtiment surpeuplé, grossit de quelques centaines de grammes à 2,2 kg. La règlementation existante n'empêche en rien la souffrance de ces oiseaux, et vient même la légaliser. Ce système de production intensif doit être revu en profondeur. »
Terrible croissance
La croissance des poulets est tellement disproportionnée que les articulations ne peuvent soutenir leur propre poids. Les animaux souffrent de graves boiteries et restent couchés au sol. Ils souffrent de douleurs chroniques aux pattes et articulations. Après trois semaines, les trois quarts des poussins ne peuvent déjà plus se déplacer normalement. Ils bougent de moins en moins et restent couchés dans leur litière souillée. L'ammoniac engendré par les déjections leur provoque de graves brûlures et abcès aux pattes et au bréchet. Le système d'élevage est si intensif que le cœur et les poumons ne peuvent suivre le rythme de croissance. Certains poulets meurent littéralement de leur croissance. Avant leur « âge d'abattage » de 6 semaines, une partie de ces jeunes animaux meurent de problèmes cardiaques, pulmonaires et intestinaux.
De pire en pire
Les deux dernières semaines d'élevage sont encore pire. Le liquide qui s'est accumulé autour des organes empêche de plus en plus la respiration. Les animaux souffrent du syndrome d'ascite.
Entassés
A la cinquième semaine, les poussins pèsent près de 2 kg. Dans un hangar, des dizaines de milliers de poulets peuvent être entassés à 23 par mètre carré, voire plus. Selon les études scientifiques, pour éviter un tant soit peu la souffrance animale, il faut limiter la concentration de poulets à 15 animaux par mètre carré grand maximum, et idéalement à 11 animaux.
Pour empêcher les infections et les inflammations, et pour éviter que des maladies ne se répandent en un rien de temps dans les hangars, des antibiotiques sont ajouté à l'eau et à la nourriture des oiseaux.
Souffrance pendant le transport
L'avant dernière étape de vie de ces pauvres animaux n'est pas plus enviable : ils sont jetés et compactés dans des caisses de transports ; une manoeuvre qui provoque chez beaucoup d'entre eux des luxations, des fractures et des saignements. Les poulets qui arrivent vivants à l'abattoir sont épuisés, blessés, et en panique. A l'intérieur, ils sont pendus par les pattes à des crochets métalliques, et leur tête est immergée dans un bain d'eau électrifié pour les étourdir. Mais pour les millions d'animaux concernés chaque année, l'étourdissement ne se passe pas sans problème. Sur la ligne d'abattage (170 animaux par minute), il arrive fréquemment que les poulets ne soient pas entièrement ou pas du tout étourdis. Ils sont alors égorgés en pleine conscience. Quelques temps après, leur corps sera présenté dans les rayons des magasins – qui tiennent aussi leur part de responsabilité –, sous la forme de filet de poulet, de poitrine de poulet ou encore de poulet roti, à un prix honteusement bas.
Réformer tous les maillons de la production
« Toutes les étapes de cette production, du couvoir à l'abattoir, doivent être entièrement réformées au profit du bien-être animal mais aussi de la qualité », souligne Michel Vandenbosch. « Il est indispensable que le gouvernement et le ministre du bien-être animal interdisent notamment l'utilisation de races de poulets de chair à croissance très rapide, imposent le recours à des races à croissance plus lente, et limitent le nombre d'animaux par mètre carré, au maximum à quinze individus. »